Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Le bal de Sceaux

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac Ier volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie privée bal de sceaux  

LE BAL DE SCEAUX  

DEDIE A HENRI DE BALZAC Son frère, Honoré.  

Analyse de l’0euvre Le bal de Sceaux est l’histoire d’une jeune fille de grande famille, vaniteuse et insolente, qui ne veut pas suivre les sages conseils de son père : elle repousse un jeune homme qui lui plaisait et auquel elle plaisait, mais qui avait le malheur de n’être pas , elle le retrouve plus tard, brillant, devenu miraculeusement comte et pair de France, tandis qu’elle a épousé un vieil amiral fort noble, mais fort âgé. Si ces deux contes (La Maison du chat qui pelote et Le bal de Sceaux) n’étaient que deux apologues, on pourrait les tenir pour secondaires : même si dans La Maison du chat qui pelote Balzac s’était souvenu avec quelque émotion du destin de sa jeune sœur Laurence que ses parents avait poussée à épouser un noblaillon, M. de Montzaigle, qui la délaissa, chagrin dont elle mourut à vingt-trois ans. C’est par autre chose que ces récits ont encore le pouvoir de nous intéresser. C’est d’abord par ce qu’ils apportaient de neuf. C’était la découverte de la « vie privée », en effet, sujet fort peu traité à cette époque, mais surtout la découverte de l’individualité de toute « vie privée ». Un milieu familial est, pour Balzac, un microclimat social qui a son atmosphère, ses coutumes locales, sa mentalité, son folklore. La maison, le mobilier, les vêtements, le ton, tout cet ensemble qu’on appelle « les mœurs » portent la même marque. Et ce gauchissement de l’être imposé par la famille est à la fois celui d’un certain milieu social et celui d’un milieu familial. Chaque animal a son terrier, chaque famille a, de même, son ambiance. Le commerçant est ainsi un certain animal social, classable dans la zoologie sociale, et, en même temps, dans cette classe un animal particulier qui bien placé pour voir cela. Les Sallambier, sa famille maternelle, avaient essaimé dans tout le Marais, et tous se ressemblaient, ils étaient une parfaite illustration de sa thèse et des modèles faciles à peindre. Cette présentation « zoologique » n’est pas pour Balzac une manière plaisante de dépeindre. C’est un élément essentiel de sa description de la société. Balzac avait été très impressionné par la théorie du grand naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire sur l’origine des animaux. Cette théorie affirmait que les différentes espèces animales provenaient toutes d’un prototype originel unique dont elles s’étaient différenciées par une lente et progressive adaptation de l’être vivant au milieu dans lequel il devait vivre. Balzac eut alors l’idée de transposer cette théorie, car elle lui semblait expliquer les différences qu’on remarquait parmi les hommes. La vie sociale, pensait-il, avait créé autant d’espèces d’êtres humains qu’il y a d’espèces chez les animaux. Un soldat, un homme de loi, un ouvrier, un commerçant, une femme du monde ou une ménagère, sont des êtres différents fabriqués par la société, vivant dans leur milieu, ayant un pelage, une démarche, un habitacle qui leur sont propres. Ces différentes variétés d’êtres humains proviennent de la spécialisation à laquelle les a condamnés la vie sociale qui modèle les types humains comme le milieu produit les formes animales. Décrire les mœurs d’une société et les types humains qu’elle produit, c’est donc faire une « histoire naturelle de la société ». Ce fut un des principes de sa nomenclature sociale dont La Maison du chat qui pelote est une application typique.

M

      Monsieur de Fontaine

Mais, en même temps, découvrir ce microclimat, c’est faire de l’histoire. Les mœurs patriarcales de la famille Guillaume dans La Maison du chat qui pelote sont un morceau du passé conservé intact dans le présent. Il faut les noter comme il faut se dépêcher de décrire leur boutique typique, leurs habitudes commerciales, la vie des apprentis qu’on leur confie : car tout cela aura bientôt disparu. Balzac est un archéologue du proche passé. Et ce qui fait le malheur d’Augustine Guillaume, c’est que ses parents n’ont pas su l’accrocher à ce passé tutélaire. Malgré leurs souliers à boucle, ils ont fait du modernisme, ils ont permis un mariage que leurs traditions auraient dû interdire. Ils paient cette faute contre eux-mêmes. C’est le contraire dans le bal de Sceaux, mais c’est au fond la même inscription de l’histoire dans les vies privées. Le comte de Fontaine est un contemporain de Louis XVIII, il a compris la politique de son roi. Le « milliard des émigrés » a été une faute, ce n’est pas ainsi qu’on peut réparer les malheurs et récompenser la fidélité. Mais le roi a un moyen plus simple et plus efficace de faire la fortune de ceux qu’il veut protéger : il peut leur faire faire des mariages d’argent en mettant dans la corbeille des faveurs et des titres. C’est ce que le comte de Fontaine a bien compris, c’est ce que sa fille n’a pas compris. Elle joue les grandes dames, elle méprise la grande bourgeoisie d’affaires qui représente l’avenir parce qu’elle représente l’argent, elle est engluée dans ses traditions comme les vieux Guillaume et elle se perd dans cet entêtement qui les aurait sauvés. Une vie privée, ce n’est donc pas seulement un microclimat, c’est aussi un îlot exposé aux tempêtes. Il ne faut pas dresser sa tente dans le sens contraire du vent de l’Histoire. Cette idée n’est pas héroïque, mais elle est malheureusement assez juste. La Maison du chat qui pelote était une œuvre d’observation, Le bal de Sceaux est un exercice d’analyse politique.

Histoire Après avoir refusé avec condescendance tous ses prétendants pour la raison qu’ils n’étaient pas bien né, la fille de Monsieur le comte de Fontaine, Emilie, s’éprend de Maximilien Longueville dont elle fait la connaissance au bal champêtre de Sceaux. Jeune homme discret et mystérieux, Emilie ne sait rien de lui. Néanmoins, sa prestance, son allure aristocratique lui plaisent. De plus, les soins et l’attention qu’il donne à sa sœur fragile en font un personnage touchant. Les jeunes gens décident de se revoir. Ils deviennent très amoureux l’un de l’autre et les visites de Maximilien chez le comte de Fontaine se font de plus en plus fréquentes. Ne sachant rien de ce bel inconnu, le comte de Fontaine mène sa propre enquête sur la famille des Longueville, et découvre que celle-ci tient un négoce de tissus. Terriblement désappointée, Emilie se rend à la boutique d’étoffes et y trouve Maximilien en plein labeur. Atteinte dans son orgueil et sa fierté, Emilie épouse, pour ses titres, son vieil oncle, le vice-amiral et comte de Kergarouët âgé de plus de 70 ans. Quelques années après son mariage, Emilie découvre que Maximilien était en réalité vicomte de Longueville, devenu pair de France. Le jeune homme explique enfin pourquoi il tenait une boutique en secret: Il s’agissait pour lui de maintenir les intérêts familiaux au détriment de sa propre vie, en se sacrifiant pour sa soeur malade et pour son frère parti à l’étranger. phsceaux1

Généalogie des personnages Longueville : (vicomte Guiraudin de), d’où : Auguste; Maximilien; Clara; Illustre famille éteinte en 1793. Fontaine (de) : Famille noble du Poitou, représentée par un comte de Fontaine, chouan puis député, mort 1824 ou 1828. A épousé une Kergarouët, d’où : Un fils, magistrat qui épouse la fille d’un millionnaire du sel ; Un fils militaire qui épouse une Mongenot, d’où un fils, fonctionnaire qui épouse Anna Grossetête et une fille qui épouse le receveur général Planat de Baudry ; Une fille qui épouse le baron de Villaine, magistrat ; Emilie qui épouse successivement son oncle, le vice-amiral de Kergarouët et Charles de Vandenesse. Kergarouët : Famille noble de Bretagne, représentée par : Une Kergarouët qui épouse Portanduère, père de Savinien (Ursule Mirouët) ; Sa sœur qui épouse le comte de Fontaine ; Le vice-amiral, comte de Kergarouët, oncle des précédentes (1755-1835). Epouse X morte pendant l’émigration (La Bourse). Veuf, épouse sa petite-nièce, Emilie de Fontaine, qui veuve, épousera Charles de Vandenesse ; Le vicomte de Kergarouët, neveu du vice-amiral, épouse une Pen-Hoël, d’où quatre filles, dont Charlotte, née en 1820.  

Source analyse : Préface (tome I) recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac. Source histoire : Encyclopédie universelle Wikipédia. Source généalogie des personnages : Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard.

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