Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Mémoires de deux jeunes mariées

LA COMEDIE HUMAINE  – Honoré de Balzac IIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie privée Picture 1  

MEMOIRES DE DEUX JEUNES MARIEES    

Analyse et histoire Mémoires de deux jeunes mariées est un roman paru en deux parties sous deux titres différents : Mémoires d’une jeune femme (sans doute écrit en 1834) et Soeur Marie des Anges, dans La Presse en 1841. Il fut ensuite publié chez Furne en 1842 dans les Scènes de la vie privée et dédicacé à George Sand dont la force de caractère a certainement inspiré l’auteur de La Comédie Humaine. Le titre définitif ne donne pas la mesure exacte de la puissance et parfois, de la violence, de ce roman pas tout à fait équilibré. La première partie présente un caractère de femme totalement contemporain à notre époque : capable de lutter contre les siens pour échapper aux lois familiales, capables de passions extrêmes, capable de tout pour vivre selon ses conceptions. Elle fait partie de ces bolides humains qui traversent La Comédie Humaine avec éclat. La deuxième partie, plus molle (Balzac aimait introduire des caractères aimables comme l’avait écrit George Sand en 1856. ) propose le portrait d’une jeune fille résignée aux désirs de sa famille et de la société. Mariée par raison, elle suit un chemin sans heurt et fait le bonheur des siens. On ne parvient pas réellement à savoir si cette dernière est un modèle pour les lectrices. Mais on peut être presque sûr que Balzac préfère la femme de caractère.

L’histoire Mémoires de deux jeunes mariées est une autre méditation sur le mariage, plus grave, non plus adressée aux jeunes filles ou aux parents, mais à toutes les femmes. Les mémoires de deux jeunes mariées est un roman épistolaire qui réside d’un échange de lettres entre deux jeunes femmes, document dont se dégage une comparaison de leurs destinées. Louise de Chaulieu, d’une très grande famille, est une blonde aristocratique, les fameux cheveux blonds des Francs, ardente, romantique, qui joue toute sa vie sur un grand amour. Son amie de pension, Renée de Maucombe, est une gentille brune, de famille plus modeste, qui est reléguée par la vie dans un destin tranquille : elle a un mari un peu effacé, laid, des enfants . Elle essaie d’être heureuse dans une bastide de Provence éloignée de l’éclat, des fêtes, des passions. Le déroulement du roman fait apparaître très clairement la thèse. Louise de Chaulieu réalise son rêve de grand amour. Elle fait un mariage romanesque. Elle épouse un illustre proscrit, elle a un lion à ses pieds, elle règne. Cet amour splendide finit par une catastrophe, le mari meurt de cet amour furieux, étouffé sous l’emprise de cette femme-enfant capricieuse. Après quatre ans de désespoir, Louise de Chaulieu a une autre passion. Elle épouse un grand écrivain, sensible efféminé, le contraire du premier. Et ce second amour, aussi passionné que le premier est aussi l’opposé de son amour précédent. Elle veut être non plus la reine, mais l’esclave de l’homme (plus jeune qu’elle) qu’elle aime. Elle l’enferme dans une cage dorée (jalouse qu’il puisse en préférer une autre), elle se fait pour lui odalisque et joue toute sa vie sur cette perfection de l’amour sensuel. Une méprise lui fait croire qu’elle est trompée. Son âme romantique est brisée par cette déception et les tourments du doute s’installent. Elle en meurt. Symbole de l’amante, tour à tour reine et volontairement esclave : deux images destructrices.

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            Renée

Renée de Maucombe, contretype de cette vie, a accepté loyalement le destin d’épouse que le sort lui avait départi. Elle a eu des enfants, elle a compris la grandeur de cette fonction animale que la nature lui avait confiée. (Renée est plus mère qu’épouse). Elle s’est fait un bonheur tranquille dans sa maison de Provence. Elle finit par avoir une affection profonde pour l’ami que le mariage lui a donné. Son mari, sérieux, calme, respectueux a une carrière lente mais finalement brillante. Il deviendra ambassadeur. Le dialogue entre les deux amies dégage la thèse que ces deux vies opposées mettent en relief : « l’amitié est le secret de la vie conjugale », dit Renée. Deux époux ne doivent pas être deux amants. Cette situation est contraire à l’esprit du mariage, aux fins naturelles du mariage, à l’équilibre de la famille. L’amour dans le mariage est un hasard sur lequel il est impossible d’asseoir la loi qui doit tout régir. » Le grand amour romanesque de Louise de Chaulieu est « une faute contre les lois de la vie sociale », au même titre que l’excessif amour paternel du père Goriot. Et cet amour déréglé est puni de la même manière que l’affection déréglée du père, par le malheur. Louise de Chaulieu veut réaliser des rêves, un rêve de jeune fille d’abord, puis un rêve de femme : elle vit dans l’illusion, dans un idéalisme irréel – ces choses là se paient, tout irréalisme se paie. Elle consume sa vie et meurt.

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            Louise

La sage Renée de Maucombe est finalement heureuse parce qu’elle a compris que le mariage ne peut reposer que sur un sentiment égal et calme, que celui qui fonde sa vie sur la passion perpétuelle fonde sa vie sur l’excès des sentiments, l’excès perpétuel en toutes choses et place en lui la source du déséquilibre et du malheur. « tu te livres, dit-elle à son amie, à des égarements sanctionnés par les lois. » Et elle a pour finir un mot qui résume tout : « tu dépraves l’institution du mariage. ». Ce n’est pas un mot de romancier, c’est un mot de moraliste. C’est que tout le roman de Balzac contient une leçon de morale sociale. Il est le médecin d’une certaine santé sociale, tous les drames qu’il imagine se rattachent à une même théorie de la société.

Généalogie des personnages

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           Louise         Renée

Chaulieu : Famille noble représentée par le duc Henri, Ambassadeur né en 1773 ; épouse Eléonore de Vaurémont, D’où : 1) Alphonse, duc de Rhétoré qui épouse la duchesse d’Argaïolo; 2) Armande Louise Marie née en 1807, morte en 1835. Epouse successivement le baron de Macumer et Marie Gaston; 3) le comte de Chaulieu qui épouse Madeleine de Mortsauf et devient ainsi le duc de Lenoncourt-Chaulieu; 4) une autre Chaulieu, sœur du duc Henri est religieuse à Blois. Macumer : (baron de), titre sarde pris par le duc Felipe de Soria. Espagnol en exil mort en 1829. A épousé en 1825 Louise de Chaulieu. Gaston : Marie Gaston, homme de lettres né vers 1810, épouse en 1833 Louise de Chaulieu veuve Macumer. Maucombe : Famille noble de Provence représentée par un Comte de Maucombe, d’où : Un fils Jean, Renée qui épouse Louis de l’Estorade. L’Estorade : Famille noble provençale représentée par un baron puis comte de l’Estorade et sa femme, morts lui en 1826, elle en 1814, d’où : Un fils Louis, né en 1787, député et pair de France ; épouse Renée de Maucombe née en 1805, d’où : Armand-Louis, Jeanne-Athénaïs et René.  

1) Sources analyse/histoire : 1) Encyclopédie universelle Wikipédia –

2) Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (tome I) publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

2) Source généalogie des personnages: Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard.

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