Le Message
LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac IIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)
Scènes de la vie privée
LE MESSAGE Publié en février 1832 dans la Revue des deux mondes
Analyse de l’oeuvre Le Message, publié en février 1832 dans la Revue des deux mondes est, une » étude de femme » typique. C’est seulement une scène : un jeune homme, à la suite d’un accident de diligence, apprend à la maîtresse d’un de ses camarades, une femme de trente-huit ans, la mort de son jeune amant. Il n’y a rien de plus, et c’est un conte merveilleux de fraîcheur et de mélancolie. Les timides et tendres confidences des deux jeunes gens sur l’impériale de la diligence, la tragédie de cette fin brutale du » dernier amour « , si douloureusement, si physiquement ressentie, cette douleur de bête, douleur sauvage, de la maîtresse, sanglotant et hurlant dans le foin de la grange où elle s’est cachée, tout cela est admirable, simple, émouvant. Naturellement, c’est toujours Mme de Berny, évidemment reconnaissable à son portrait physique. Elle » savait » déjà quand elle lut Le Message qu’elle aussi perdait son dernier amour. Elle lui écrivit doucement : » Je viens encore de pleurer avec ta Juliette… Je me demandais quelle douleur devait être la plus vive, entre celle de perdre son amour mort ou vivant… » C’était un bel adieu d’écrivain pour la fin de leur amour. Balzac comprit-il jamais que ce constat était aussi une touchante faute de goût ?
Histoire Il s’agit d’un événement survenu dans la vie de jeune adulte d’Honoré à savoir la rencontre et les confidences échangées entre lui et un voyageur avec qui il partageait une course en voiture publique. Les deux jeunes gens se sont confiés durant le parcours les menant à leur destination, leurs amours mutuels à savoir une idylle mettant en scène une maîtresse plus âgée et dont l’expérience de la vie et les attraits encore jeunes contribuaient à forger l’éducation sentimentale des deux amis d’un jour. Un accident dans lequel la diligence verse, écrase le compagnon de voyage d’Honoré qui avant de rendre son dernier souffle, le charge d’aller chez lui récupérer les lettres d’amour que sa maîtresse lui avait écrites et de les lui rendre avec l’annonce de sa mort afin que cette dernière ne meurt pas de chagrin en apprenant la sinistre nouvelle par les journaux. Messager de la plus horrible des dépêches qui soit, Honoré se rend donc chez le comte et la comtesse de Montpersan. Au comble du désespoir, Juliette brisée et à moitié morte, voit ses souffrances renforcées par la destruction des lettres écrites par son amant, lettres qu’elle a toutes brûlées pour conserver une entière discrétion sur la liaison entretenue avec le jeune homme. Il ne lui reste donc à part le bonheur et les joies conservées dans sa mémoire aucun souvenir palpable du cher disparu. Honoré lui rendra hommage en lui remettant une mèche de cheveu du défunt. Ayant deviné la gêne financière de son malheureux messager et par ces délicatesses de l’âme qui ne sont propres qu’aux femmes qui aiment, Madame de Montpersan, chargea Honoré de remettre une somme à l’une de ses connaissances à Paris, et lui permit ainsi de payer son voyage de retour. Paris, janvier 1832
Source analyse : Préface et histoire recueillies d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (tome III) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.
Les personnages Comte de Montpersan, sa femme Juliette, sa fille et son oncle l’abbé, famille des environs de Moulins.
Source: Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard
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