Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

L’Interdiction

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac On retrouve ce roman dans le Xe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877), classé dans cette édition de l’époque sous les scènes de la vie parisienne. En baptisant Scènes de la vie parisienne un certain nombre des nouvelles qui avaient paru précédemment sous la rubrique Scènes de la vie privée, montre ici, un des modèles de transfert utilisés par Balzac dans ses méthodes de travail.

Scènes de la vie privée Picture 1 Picture 2  

L’INTERDICTION  

Dédicacé à Monsieur le Contre-Amiral Bazoche, gouverneur de l’ile Bourbon par l’auteur reconnaissant, De Balzac.    

L’Histoire L’Interdiction est une nouvelle moins connue que Le Colonel Chabert, moins dramatique, mais elle est, parmi les nouvelles de Balzac, une des plus sobres et des plus touchantes. Le vieux juge Popinot, célèbre par sa bonté, sa bienfaisance et son intégrité, savant et perspicace juriste, est sollicité par son neveu, le docteur Horace Bianchon, pour une de ses clientes, la marquise d’Espard. Elle demande au tribunal de prononcer l’interdiction de son mari dont elle est séparée. Le juge Popinot vient d’être chargé par le tribunal d’étudier cette requête, acte de procédure exceptionnel et souvent suspect par lequel le mari est privé du droit de gérer sa fortune, dans l’intérêt de sa famille et de ses enfants. La marquise reproche à son mari de dilapider inexplicablement une partie importante du patrimoine familial en faveur d’une dame Jeanrenaud et de son fils qui ne paraissent avoir aucun droit à ces largesses. La nouvelle se compose de deux scènes qui donnent la clé du mystère. La première scène est simple et saisissante. Elle se passe dans un salon du faubourg Saint-Germain. Les marquis d’Espard sont une très ancienne et noble famille. Le vieux juge a l’air d’un niais. Il pose respectueusement quelques questions timides, presque maladroites (par stratégie). On a pitié de sa gaucherie. Puis soudain, il fait une objection qui montre qu’il a tout compris, qu’il n’est pas dupe : C’est la marquise, qui en réalité, a besoin de la fortune de son mari et de ses enfants pour assurer le luxe qui lui est nécessaire. Les personnes présentes sont consternées : le procès est perdu. La seconde scène nous emmène rue de la Montagne Sainte-Geneviève, tout près de la pension Vauquer du Père Goriot. Le marquis d’Espard a loué là un vieil hôtel particulier dans lequel il s’est installé avec ses deux jeunes fils et dont un étage lui sert à entreposer les volumes d’un grand ouvrage qu’il compose sur la Chine, dont il est passionné. Il mène une vie discrète, n’est lié à personne. Il passe dans le quartier pour un vieil original à demi fou. Le juge l’interroge à son tour. Le marquis d’Espard lui raconte le secret de sa vie. En examinant les titres de propriété de sa famille qu’on lui a rendus au début de la Restauration, il a constaté qu’une grande partie de son patrimoine provenait d’une confiscation prononcée contre une famille protestante lors de la révocation de l’Edit de Nantes. On a empêché frauduleusement cette famille de faire une opposition valable ; on a fait pendre le père qui voulait s’opposer à la ruine de ses enfants. Le marquis a recherché cette famille ; il a retrouvé les descendants ruinés et pauvres. Il a regardé comme un devoir de conscience et de probité , comme la seule légitimation morale de son titre et de sa noblesse, de restituer les biens acquis par cette spoliation. Sa femme savait tout : elle a refusé de s’associer à cette restitution. L’opinion du juge est faite. Il s’opposera à l’interdiction. Un refroidissement qui le tient malade à la maison retarde d’un jour la remise de sa décision. Quand il se présente au Palais pour remettre son rapport, on lui apprend que la marquise d’Espard a obtenu qu’il soit dessaisi et qu’un autre magistrat soit désigné à sa place. La morale est amère. Dans L’Interdiction comme dans Le Colonel Chabert, ceux qui ont des sentiments nobles, qui sont confiants, généreux, désintéressés sont les vaincus de la vie. Le Père Goriot est un autre exemple de ce pessimisme. Les vainqueurs sont ceux qui ont un cœur dur, impitoyable et qui ne veulent connaître que ce qu’on appellera plus tard « la lutte pour la vie ». Ce cynisme est d’autant plus horrible qu’il est représenté dans les deux cas non par des ambitieux sans scrupule, mais par des créatures, en apparence, douces, languides, désarmées. Ces « comédiennes de salon », comme dira plus tard Balzac, sont parfaitement décrites dans le portrait de la marquise d’Espard. C’est un type de femme qui intéressait Balzac depuis longtemps. Il en avait fait un mythe dans son premier roman, La peau de chagrin, sous le nom de « la femme sans cœur ». Ce caractère fut plusieurs fois mis en scène par Balzac entre 1832 et 1835 : dans Le Contrat de mariage, en particulier. Le portrait de Madame d’Espard fait comprendre les secrets de ces vies qui paraissent si enviables : on ne se maintient sur ces sommets de la réussite mondaine qu’au prix d’un dur régime, de beaucoup de privations et d’une sévère discipline. Ce sont disait Marcel Proust dans un pastiche de Balzac, « les carmélites de la réussite mondaine ». Paris, février 1836

Préface recueillie (Tome VI) d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Les personnages Le juge Popinot : (Jean-Jules) Magistrat qui épouse une Bianchon. Personnage probe, intelligent et clairvoyant. N’étant pas intrigant ni arriviste, il ne fut pas admis à la Cour. En dépit de ses excellentes aptitudes il se retrouva rétrogradé jusqu’au dernier échelon par les intrigues des gens de pouvoir. Il en fut réduit à être juge-suppléant. Cette injustice frappa le monde judiciaire. Après avoir été juge-suppléant durant 12 années, Monsieur Popinot termina sa carrière en qualité de simple juge au Tribunal de la Seine. La marquise d’Espard : Madame Jeanne-Clémentine-Athénaïs de Blamont-Chauvry, séparée du marquis d’Espard, propriétaire demeurant rue du Faubourg Saint-Honoré, no. 104 ayant Desroches pour avoué. Mère de deux fils résidant au domicile du père, Monsieur le marquis d’Espard. Mondaine vivant dans le luxe démesuré. Le marquis d’Espard :Monsieur Charles-Maurice-Marie Andoche, comte de Négrepelisse, marquis d’Espard (bonne noblesse), propriétaire demeurant no.22 de la Montagne Sainte-Geneviève (proche de la pension Vauquer). Maître Desroches : Avoué, petit faiseur d’affaires, un homme mal vu du Tribunal et de ses confrères qui nuit à ses clients.

Source notes complémentaires : Wikipédia          

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