Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

La Maison du chat-qui-pelote

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac Ier volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877) 

Scènes de la vie privée BalzacLaMaisonDuChat  

LA MAISON DU CHAT-QUI-PELOTE    

Analyse de l’oeuvre La Maison du chat-qui-pelote fait partie des Scènes de la vie privée de La Comédie humaine. D’abord intitulé Gloire et malheur, ce court roman rédigé en 1829 paraît en 1830 chez Mame Delaunay et connut quatre autres éditions et autant de remaniements jusqu’à l’édition du roman chez Furne en 1842, qui fut elle-même corrigée et qui parut sous le titre de La Maison du chat-qui-pelote. Ouvrant la série des Etudes de moeurs de La Comédie humaine, ce texte a une fonction inaugurale dans la mesure où il annonce tous les grands thèmes balzaciens.  » C’est en même temps un défi théorique, superbe dans sa description, (…) aux contraintes génériques de la nouvelle et du roman. Car cette nouvelle est aussi un roman, avec sa durée, sa profondeur, son horizon de personnages secondaires et son rythme ascendant-descendant qui sera celui des grands ensembles comme César Birotteau par exemple. »

L’archéologue de Paris Balzac présente avec une précision scrupuleuse un quartier de Paris qu’il connaît bien, parce qu’il y a vécu à l’époque de ses oeuvres de jeunesse, et la vie de ses habitants, des commerçants pour la plupart. La rue du Petit Lion et le quartier de la rue Saint-Denis sont le centre des commerces de draperie et de passementerie, qui était l’activité des grands-parents maternels de l’écrivain : les Sallambier. Outre la description minutieuse de la rue, d’une maison à colombages dont même les fenêtres ont un caractère archéologique et dont  » (…) le bois travaillé grossièrement  (…) des humbles croisées du troisième étage aurait mérité d’être placé au Conservatoire des arts et métiers « . Balzac nous renseigne sur la signification du titre : La Maison du chat-qui-peloteIl s’agit d’une enseigne d’un goût douteux qui présente un chat pelotant, c’est-à-dire selon la définition de l’époque : renvoyant une pelote (balle) avec une raquette. Les pratiques des commerçants pour attirer la clientèle sont ainsi étudiées en remontant l’historique du commerce parisien :  » (…) il convient de faire observer ici que ces enseignes, dont l’étymologie semble bizarre à plus d’un négociant parisien, sont les tableaux morts de vivants tableaux à l’aide desquels nos espiègles ancêtres avaient réussi à amener les chalands dans leurs maisons. Ainsi la Truie-qui-file, le Singe-vert, etc. furent des animaux en cage dont l’adresse émerveillait les passants, et dont l’éducation prouvait la patience de l’industriel au quinzième siècle. » Dans la croisade des artistes du XIXe siècle contre le vandalisme de Paris, Balzac s’est investi de façon fort originale , dans la sauvegarde des témoignages archéologiques les plus humbles, mais, de son point de  vue, aussi important que les grands monuments : étroites maisons, petites rues, modestes enseignes, c’est-à-dire, les arts et traditions populaires en grande partie présentés au musée Carnavalet.

Balzac sociologue et moraliste S’il y a une morale dans cette fable (à rapprocher du Bal de Sceaux), c’est peut-être qu’il y a des milieux qui ne se marient pas, au propre comme au figuré. L’éducation d’Augustine , fille du marchand drapier Guillaume, aussi belle et aimable soit-elle, ne saurait s’accorder avec les habitudes de l’artiste-aristocrate Théodore de Sommervieux. Il s’agit moins ici d’une différence de naissance (comme celle séparant les filles du Père Goriot et le faubourg Saint-Germain) ou de fortune (comme celle entre Lucien de Rubempré et Clotilde de Grandlieu) que d’une façon d’être, d’une culture, d’une compréhension de la vie. La belle Augustine, totalement aveugle, totalement perdue dans un monde qui n’est pas le sien, et pourtant pleine de bonne volonté, ne comprendra jamais qu’il y a autre chose chez une femme pour attirer un homme que la beauté, la bonté, la sagesse. Elle ne comprend même pas le cours qu’elle vient demander à la cruelle duchesse de Carigliano. Elle n’est pourtant ni idiote, ni insensible. Elle est simplement hors de ce monde d’artistes que son père juge sévèrement :  » Ils sont trop dépensiers pour ne pas être toujours de mauvais sujets. J’ai fourni feu M. Joseph Vernet, feu M. Lekain, et M. Noverre (…) Ah! Si tu savais combien de tours ils ont joué à ce pauvre monsieur Chevrel! Ce sont de drôles de corps. (…). » Ainsi sont mis en parallèles des mondes inconciliables que l’auteur de La Comédie humaine va explorer inlassablement. La Maison est une  » excellente initiation à l’univers de La Comédie humaine (…) son choix dans les classes comme texte de lecture suivie est propre à faire découvrir et à faire aimer Balzac. »

Préface La maison du chat-qui-pelote est l’histoire d’un mauvais mariage dû à la faiblesse et à la vanité des parents entre une jeune fille de la bourgeoisie commerçante et un artiste de talent qui porte un nom aristocratique : le mari trouve sa femme sotte, la trompe avec une duchesse intrigante et elle en meurt de chagrin. Si ces deux contes (La Maison du chat qui pelote et Le bal de Sceaux) n’étaient que deux apologues, on pourrait les tenir pour secondaires : même si dans La Maison du chat qui pelote Balzac s’était souvenu avec quelque émotion du destin de sa jeune sœur Laurence que ses parents avait poussée à épouser un noblaillon, M. de Montzaigle, qui la délaissa, chagrin dont elle mourut à vingt-trois ans. C’est par autre chose que ces récits ont encore le pouvoir de nous intéresser. C’est d’abord par ce qu’ils apportaient de neuf. C’était la découverte de la « vie privée », en effet, sujet fort peu traité à cette époque, mais surtout la découverte de l’individualité de toute « vie privée ». Un milieu familial est, pour Balzac, un microclimat social qui a son atmosphère, ses coutumes locales, sa mentalité, son folklore. La maison, le mobilier, les vêtements, le ton, tout cet ensemble qu’on appelle « les mœurs » portent la même marque. Et ce gauchissement de l’être imposé par la famille est à la fois celui d’un certain milieu social et celui d’un milieu familial. Chaque animal a son terrier, chaque famille a, de même, son ambiance. Le commerçant est ainsi un certain animal social, classable dans la zoologie sociale, et, en même temps, dans cette classe un animal particulier qui bien placé pour voir cela. Les Sallambier, sa famille maternelle, avaient essaimé dans tout le Marais, et tous se ressemblaient, ils étaient une parfaite illustration de sa thèse et des modèles faciles à peindre. Cette présentation « zoologique » n’est pas pour Balzac une manière plaisante de dépeindre. C’est un élément essentiel de sa description de la société. Balzac avait été très impressionné par la théorie du grand naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire sur l’origine des animaux. Cette théorie affirmait que les différentes espèces animales provenaient toutes d’un prototype originel unique dont elles s’étaient différenciées par une lente et progressive adaptation de l’être vivant au milieu dans lequel il devait vivre. Balzac eut alors l’idée de transposer cette théorie, car elle lui semblait expliquer les différences qu’on remarquait parmi les hommes. La vie sociale, pensait-il, avait créé autant d’espèces d’êtres humains qu’il y a d’espèces chez les animaux. Un soldat, un homme de loi, un ouvrier, un commerçant, une femme du monde ou une ménagère, sont des êtres différents fabriqués par la société, vivant dans leur milieu, ayant un pelage, une démarche, un habitacle qui leur sont propres. Ces différentes variétés d’êtres humains proviennent de la spécialisation à laquelle les a condamnés la vie sociale qui modèle les types humains comme le milieu produit les formes animales. Décrire les mœurs d’une société et les types humains qu’elle produit, c’est donc faire une « histoire naturelle de la société ». Ce fut un des principes de sa nomenclature sociale dont La Maison du chat qui pelote est une application typique.

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   Augustine en pleurs chez ses                            parents

Mais, en même temps, découvrir ce microclimat, c’est faire de l’histoire. Les mœurs patriarcales de la famille Guillaume dans La Maison du chat qui pelote sont un morceau du passé conservé intact dans le présent. Il faut les noter comme il faut se dépêcher de décrire leur boutique typique, leurs habitudes commerciales, la vie des apprentis qu’on leur confie : car tout cela aura bientôt disparu. Balzac est un archéologue du proche passé. Et ce qui fait le malheur d’Augustine Guillaume, c’est que ses parents n’ont pas su l’accrocher à ce passé tutélaire. Malgré leurs souliers à boucle, ils ont fait du modernisme, ils ont permis un mariage que leurs traditions auraient dû interdire. Ils paient cette faute contre eux-mêmes. C’est le contraire dans le bal de Sceaux, mais c’est au fond la même inscription de l’histoire dans les vies privées. Le comte de Fontaine est un contemporain de Louis XVIII, il a compris la politique de son roi. Le « milliard des émigrés » a été une faute, ce n’est pas ainsi qu’on peut réparer les malheurs et récompenser la fidélité. Mais le roi a un moyen plus simple et plus efficace de faire la fortune de ceux qu’il veut protéger : il peut leur faire faire des mariages d’argent en mettant dans la corbeille des faveurs et des titres. C’est ce que le comte de Fontaine a bien compris, c’est ce que sa fille n’a pas compris. Elle joue les grandes dames, elle méprise la grande bourgeoisie d’affaires qui représente l’avenir parce qu’elle représente l’argent, elle est engluée dans ses traditions comme les vieux Guillaume et elle se perd dans cet entêtement qui les aurait sauvés. Une vie privée, ce n’est donc pas seulement un microclimat, c’est aussi un îlot exposé aux tempêtes. Il ne faut pas dresser sa tente dans le sens contraire du vent de l’Histoire. Cette idée n’est pas héroïque, mais elle est malheureusement assez juste. La Maison du chat qui pelote était une œuvre d’observation, Le bal de Sceaux est un exercice d’analyse politique.

Sources : 1) Analyse recueillie d’après l’encyclopédie universelle Wikipédia – 

2) Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (Tome I) publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Histoire Monsieur Guillaume, marchand drapier à Paris, successeur du sieur Chevrel, dont il a épousé la fille, mène ses affaires de manière scrupuleuse dans un souci constant d’économie. Le commerce est tenu par la famille composée de Monsieur, Madame Guillaume, de leurs deux filles Virginie et Augustine, et du commis Joseph Lebas. Celui-ci est secrètement amoureux d’Augustine et la demande en mariage à son patron, plus ou moins au moment où Augustine fait la connaissance du peintre Théodore de Sommervieux, jeune et bel aristocrate. Esthète et grand amateur d’art, il fréquente assidûment le cercle des artistes, dont il compte de nombreux amis et partisans. Théodore a un coup de foudre à la vue de la jeune Augustine, Son admiration pour la jeune fille ne cesse de grandir. Ebloui par sa beauté, il en tombe éperdument amoureux et mène une cour assidue auprès de la demoiselle dont le cœur s’enflamme aussitôt pour ce bel aristocrate. Il l’épouse malgré quelques objections de sa famille qui s’inquiète de ce mariage si soudain. Néanmoins, les réticences de la famille Guillaume cèderont assez rapidement à l’idée d’un grand mariage pour leur fille, dont les retombées ne peuvent être que bénéfiques pour eux…et le commerce. Joseph Lebas se résigne à épouser Virginie, la sœur ainée d’Augustine et mène, à l’instar de la famille Guillaume, la même petite vie de privations et d’économies.

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   Augustine et la comtesse de                           Carigliano

La lune de miel et la passion passées, Théodore se lasse rapidement d’Augustine qu’il trouve gauche, ennuyeuse, et sans esprit. Il sort de plus en plus souvent retrouver ses amis. Il se réfugie dans sa peinture et dans les bras de la duchesse de Carigliano, aristocrate élégante, dotée de beaucoup d’esprit, et qui tient salon. Augustine délaissée, rejetée, s’abaissera jusqu’à rencontrer sa rivale pour obtenir des conseils de sa part pour la reconquête de son époux. Tous ses efforts seront vains. Raillée, bafouée par un homme qui ne l’aime plus, qui ne montre même plus la moindre estime pour elle, Augustine sombre dans une profonde dépression, s’affaiblit de jour en jour, et meurt de douleur.    

Source histoire : Selon préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (Tome I) publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Généalogie des personnages Guillaume : Marchand de drap. A épousé une Chevrel, d’où : Virginie, née 1783. Epouse Joseph Lebas, négociant ; Augustine, née en (1793-1820). Epouse Théodore de Sommervieux. Lebas : Joseph, commis puis successeur du marchand de drap Guillaume. Epouse Virginie Guillaume née en 1783 ou 84). Sommervieux (de) : Baron Théodore de Sommervieux, peintre. Epouse Augustine Guillaume, née en 1793, d’où : Un fils. Carigliano : Maréchal, duc de Carigliano. Personnage qui n’est guère connu que par sa femme, née Malin de Gondreville et vers 1778.

Source : Félicien Marceau « Balzac et son monde – Gallimard »

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