Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Sur Catherine de Médicis

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XVe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1874)

Etudes philosophiques

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Catherine de Médicis                 (1519-1589)

  SUR CATHERINE DE MEDICIS  

Le tome sur lequel, découle cette étude a été édité en 1987. Il comprend d’abord une œuvre composite Sur Catherine de Médicis qui est un exposé des idées de Balzac sur la royauté, puis une courte nouvelle L’Elixir de longue vie, et enfin le premier panneau de l’ensemble auquel Balzac donna le nom de Livre mystique, la nouvelle intitulée Les Proscrits.  Le XVème volume cité en titre, édité en 1874, forme l’ensemble de la Comédie humaine en XX volumes. Ce XVème volume est la deuxième partie des Etudes Philosophiques. Il comprend 12 oeuvres, dont Massimila Doni, Gambara, L’enfant maudit, Les Marana, Adieu, le Réquisitionnaire, El Verdugo, Un drame au bord de la mer, L’Auberge rouge, L’Elixir de longue vie, Maître Cornélius, Sur Catherine de Médicis: Le Martyr calviniste qui en est la 1ère partie.

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Laurent II de Médicis, duc d’Urbin vers 1518

Œuvre dédiée par Honoré de Balzac A MONSIEUR LE MARQUIS DE PASTORET MEMBRE DE L’ACADEMIE DES BEAUX ARTS Quand on songe au nombre étonnant de volumes publiés pour rechercher le point des Alpes par lequel Annibal opéra son passage, sans qu’on puisse aujourd’hui savoir si ce fut, selon Witaker et Rivaz, par Lyon, Genève, le Saint-Bernard et le val d’Aoste ; ou, selon Letronne, Follard, Saint-Simon et Fortia d’Urban, par l’Isère, Grenoble, Saint-Bonnet, le Mont-Genèvre, Fenestrelle et le pas de Suze ; ou, selon Larauza, par le Mont-Cenis et Suze ; ou, selon Strabon, Polybe et de Luc, par le Rhône, Vienne, Yenne et le Mont-du-Chat ; ou, selon l’opinion de quelques gens d’esprit, par Gênes, la Bochetta et la Scrivia, opinion que je partage, et que Napoléon avait adoptée, sans compter le vinaigre avec lequel les roches alpestres ont été accommodées par quelques savants ; doit-on s’étonner, monsieur le marquis, de voir l’histoire moderne si négligée, que les points les plus importants en soient obscurs et que les calomnies les plus odieuses pèsent encore sur des noms qui devraient être révérés ? Remarquons, en passant, que le passage d’Annibal est devenu presque problématique à force d’éclaircissements. Ainsi le Père Ménestrier croit que le Scoras désigné par Polybe est la Saône ; Letronne, Larauza et Schweighauser y voient l’Isère ; Cochard, un savant lyonnais, y voit la Drôme ; pour quiconque a des yeux, il se trouve entre Scoras et Scrivia de grandes ressemblances géographiques et linguistiques, sans compter la presque certitude du mouillage de la flotte carthaginoise à la Spezzia ou dans la rade de Gênes ? Je concevrais ces patientes recherches, si la bataille de Cannes était mise en doute ; mais puisque ses résultats sont connus, à quoi bon noircir tant de papier par tant de suppositions qui sont en quelque sorte les arabesques de l’hypothèse ; tandis que l’histoire la plus importante au tempas actuel, celle de la Réformation, est pleine d’obscurités si fortes qu’on ignore le nom de l’homme qui faisait naviguer un bateau par la vapeur à Barcelone dans le temps que Luther et Calvin inventaient l’insurrection de la pensée. Nous avons, je crois, la même opinion, après avoir fait, chacun de notre côté, les mêmes recherches sur la grande et belle figure de Catherine de Médicis. Aussi ai-je pensé que mes études historiques sur cette reine seraient convenablement adressées à un écrivain qui depuis si longtemps travaille à l’histoire de la Réformation, et que je rendrais ainsi au caractère et à la fidélité de l’homme monarchique, un public hommage, peut-être précieux par sa rareté. Paris, Janvier 1842

Analyse de l’oeuvre Sous ce titre sont réunis trois études et un court récit qui se rapportent au même sujet et à la même préoccupation mais qui furent écrits à des dates différentes : en tête, une importante préface qui présente Catherine de Médicis, ensuite deux nouvelles dont l’action se déroule sous sa régence, Le Martyr calviniste et La Confidence des Ruggieri, enfin un récit assez court, Les Deux Rêves qui met en scène Robespierre et Marat à la veille de la Révolution. Les Deux Rêves a été écrit tout à fait au commencement de la carrière de Balzac et parut dans La Revue des Deux Mondes en mai 1830. Picture 3 Picture 4 Les deux nouvelles historiques appartiennent aux années de sa maturité : La Confidence des Ruggieri parut en décembre 1836 dans la revue fondée par Balzac, La Chronique de Paris, sous le titre Le Secret des Ruggieri, Le Martyr calviniste fut publié en feuilleton dans le journal Le Siècle en avril 1841, sous le titre Les Lecamus. Enfin, la préface qui devait indiquer le sens général de l’ensemble ne fut écrite qu’en 1843 quand Balzac réunit ces divers fragments sous un seul titre Catherine de Médicis expliquée qui fut remplacé plus tard par le titre actuel Sur Catherine de Médicis. Cette chronologie compliquée indique une préoccupation permanente et une réalisation tributaire des circonstances. La préoccupation remonte loin et elle se manifesta par des intentions diverses. Quant à la réalisation, elle fut, comme d’habitude, affaire d’opportunité. La préoccupation est avouée par une phrase de la préface. « Avant d’entreprendre l’histoire des mœurs en action, l’auteur de cette étude avait patiemment et minutieusement étudié les principaux règnes de l’histoire de France, la querelle des Bourguignons et des Armagnacs, celle des Guise et des Valois, qui chacune, tiennent un siècle. Son intention fut d’écrire une histoire de France pittoresque. Isabelle de Bavière, Catherine et Marie de Médicis, ces trois femmes y tiennent une place énorme, dominent du XIVe au XVIIe siècle et aboutissent à Louis XIV. De ces trois reines, Catherine est la plus intéressante et la plus belle. « C’est toute l’ambition de la jeunesse de Balzac résumée en une phrase : ses travaux de 1824 à 1828 qui devaient faire de lui « le Walter Scott français ». L’étude sur Catherine de Médicis est, au fond, tout ce qui reste de ce grand projet avorté. Et, en lisant certaines pages du Martyr Calviniste, celles qui évoquent le Paris d’autrefois, on se prend à regretter que cette évocation du passé soit restée un rêve. Mais, en même temps, cette préoccupation permanente repose sur une équivoque. En reprenant une tapisserie commencée vingt ans plus tôt, c’est un autre Balzac qui s’installe devant l’établi où il trouvait les châssis et les moulures taillés d’autrefois. Le Balzac de vingt-cinq ans qui avait fait ces recherches était un jeune libéral : était-il disposé à excuser les atrocités des guerres civiles par le devoir impérieux de la continuité dynastique ? On peut en douter. On peut même se demander si le Balzac monarchiste qui écrivit la préface dans laquelle il « explique » Catherine de Médicis reste sincère lorsqu’il accepte le « machiavélisme florentin » comme la base de tout conservatisme politique. On peut admirer quelles que soient les circonstances, l’habileté et l’énergie d’une femme seule entourée d’ennemis, en triomphant. Mais faut-il en faire un modèle de toute conduite politique ? N’est-ce pas plutôt le type même du politique à un moment donné et dans des circonstances qui ne se reproduisent plus ? C’est cette contradiction interne qui donne quelque chose d’ambigu à cette belle préface dans laquelle Balzac mêle les idées les plus justes aux exemples les plus décourageants. Car cette préface est pleine de maximes qui devraient être illustres, qui sont vraies pour tous les temps ; et cette sagesse se termine, dans la description de la politique des Médicis, par des apologies qui la détruisent. Elle commence pourtant par une des pensées les plus modernes, une idée très originale au XIXe siècle, celle de la relativité de l’histoire. C’est la première phrase de cette préface : « Pour quiconque étudie à fond l’histoire moderne, il est certain que les historiens sont des menteurs privilégiés qui prêtent leur plume aux croyances populaires. » Car les historiens n’échappent pas aux passions du moment. Et Balzac le montre par un exemple pris aux mouvements d’opinion de son temps. » A toutes les époques où de grandes batailles ont lieu entre les masses et le pouvoir, le peuple se crée un personnage ogresque…Il n’a tenu à presque rien que le caractère de Napoléon ne fût méconnu…Quelques articles de journaux et l’empereur Napoléon passait ogre…Comment l’erreur se propage-t-elle et s’accrédite-t-elle ? Ce mystère s’accomplit sous nos yeux sans que nous nous en apercevions – Et Balzac conclut par une formule saisissante : « L’histoire se fausse au moment même où elle se fait. » Après avoir si bien défini cette rapidité de l’intoxication – nous dirions aujourd’hui de la désinformation – , Balzac en décrit les effets politiques. Il voit dans l’opinion publique un élément de division ou d’anarchie et un obstacle à toute politique cohérente et ferme. Tout pouvoir, dit-il, doit reposer sur une unanimité des consentements. Le « principe salutaire » des Etats modernes se résume en un mot : « Una fides, unus dominus », une seule pensée et un seul maître. Il y a une antinomie fondamentale entre le pouvoir et la délégation électorale du pouvoir. Car « le pouvoir est une action et le principe électif est la discussion. Il n’y a pas de politique possible avec la discussion en permanence ». D’où cette formule qui devait avoir une telle résonance au début du XXe siècle : « La liberté, non ; mais des libertés, oui. » Balzac précise : « Des libertés définies et caractérisées ». Et il tire sans hésiter la conséquence la plus grave de cette unité spirituelle qu’il pose comme base de tout Etat solide : « Le droit de vie et de mort sur les novateurs ». A ses yeux, tout opposant est un hérétique, tout hérétique est un danger pour l’Etat. La guerre civile du XVIe siècle entre catholiques et protestants lui paraît fournir une illustration de cet absolutisme nécessaire. Les calvinistes et les protestants introduisaient dans l’Etat, affirme-t-il, un principe de décomposition en s’appuyant sur « les mots terribles de liberté, de tolérance, de progrès et de philosophie ». Contre cette décomposition de l’Etat, quels sont les moyens de défense de l’Etat ? Balzac les résume en deux phrases qui sont toutefois deux interrogations : « La ruse est-elle permise au pouvoir contre la ruse ? Doit-il tuer ceux qui veulent le tuer ? » Deux interrogations auxquelles la vie de Catherine de Médicis donne implicitement une réponse. La ruse lui inspire sa politique de bascule entre les princes de Guise et le parti protestant. La violence a pour aboutissement la nuit de la Saint-Barthélemy. Mais, dit Balzac, c’est la loi implacable de tous les pouvoirs forts. « Les massacres de la Révolution répondent aux massacres de la Saint-Barthélemy. Le peuple devenu roi a fait contre la noblesse et le Roi ce que le Roi et la noblesse ont fait contre les insurgés du XVIe siècle.

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      Massacres de la Saint-Barthélémy

De telles assimilations éclairent ce que Balzac ne dit pas ou ne dit qu’à demi-mot sur la nature de la politique et sur la nature du pouvoir. Toute politique est une lutte, et même, à proprement parler, une guerre : et se conduit suivant les lois de la guerre. Tout pouvoir est un fait, une situation de force qu’il s’agit de maintenir. D’où ces deux formules de Balzac, si décisives, vigoureuses, cyniques et qui lui échappent. La première, quand il définit la politique des Médicis : c’est, dit-il, l’histoire de l’homme politique, et l’histoire éternelle de la Politique, celle des usurpateurs et des conquérants ». Et ailleurs, quand il reprend un mot de Casimir Périer : « Tout pouvoir est une conspiration permanente », c’est-à-dire un coup d’Etat qu’il s’agit de faire durer. Dans cette conception qui soutient secrètement tout le raisonnement de Balzac, le pouvoir n’a pas de légitimité et n’en revendique pas. Il est une situation. Pour Catherine de Médicis, cette situation est claire : elle défend une dynastie dont l’avenir est menacé. Si Balzac se borne à décrire une situation propre au XVIe siècle et à énoncer des principes qui lui sont nécessaires, il fait une œuvre d’historien et ses dires ne peuvent être jugés que par des historiens. Mais ce n’est pas ce qu’il fait. De temps en temps, il ôte la parole à l’historien et c’est l’homme du XIXe siècle qui parle, qui explique que les maux dont souffre le XIXe siècle ont pour origine les principes que Catherine a combattus. Il ne recommande nulle part que les méthodes qui ont été utilisées par Catherine soient appliquées dans la politique moderne. Mais en insistant avec force sur le caractère destructeur du principe de contestation, en représentant les maux qui menacent la monarchie au XIXe siècle comme la conséquence et la suite des principes que Catherine avait combattus, il propose à toute politique conservatrice dans l’avenir un objectif analogue à celui que Catherine s’était fixé. Si l’écrasement des contestations et la destruction de ce qu’il appelle les sectes doit être la règle de la politique éternelle, ce que Balzac définit ainsi ce n’est pas seulement la monarchie absolue, c’est aussi une politique totalitaire, Dans la seconde partie de sa préface, Balzac donne des exemples de cette politique selon Machiavel. Il les prend d’abord dans l’histoire de la famille des Médicis à Florence. C’est un terrain assez particulier. Ceux qu’il emprunte ensuite à la régence de Catherine de Médicis sont plus instructifs. Car il rencontre alors comme un bloc incontournable la théorie qui avait inspiré toutes les Etudes philosophiques sur les désordres causés par la pensée, c’est-à-dire par les sentiments et les idées. Une phrase présentée non comme un principe, mais comme une simple réflexion, fait apparaître tout d’un coup ces perspectives nouvelles : « Ne demandez jamais rien de grand aux intérêts parce que les intérêts peuvent changer : mais attendez tout des sentiments, de la foi religieuse, de la foi monarchique. » Toute la doctrine politique que Balzac vient d’exposer est ébranlée par cette simple phrase. Si les idées et les sentiments sont un élément capital dont toute politique doit tenir compte, si c’est finalement sur eux que le prince doit s’appuyer, que peuvent la ruse et la violence ? Machiavel pourra triompher quelque temps, mais il sera vaincu à la longue. Ce que Catherine de Médicis trouve en face d’elle, ce ne sont pas de grands féodaux qu’elle peut opposer les uns aux autres, ce sont des sentiments collectifs, des blocs de passion et de fureur, le parti catholique, le parti protestant. Et tout le drame, non seulement celui que Balzac met en lumière dans Le Martyr calviniste, mais celui de la régence de Catherine de Médicis, montre la vanité du calcul et de la violence.

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Assassinat du duc de Guise (Le Balafré)                           1550-1588

Ce sont les armes qui décident. Catherine ne peut mener qu’une politique de retardement. Malgré la Saint-Barthélemy, malgré l’assassinat du duc de Guise, les Valois perdront la couronne de France : c’est la maison de Navarre qui triomphe à la fin et avec elle, dans la victoire, la seule politique possible en face des passions, la politique de réconciliation que Balzac avait oubliée dans son catéchisme politique. « Paris vaut bien une messe » n’est pas une ruse, mais un édit de pacification. C’est le premier mot qui annonce la politique moderne. Les nouvelles qui suivent cette préface et qui constituent l’essai intitulé Sur Catherine de Médicis ne sont pas des anecdotes de l’histoire du XVIe siècle. Elles ont un sens qui éclaire ce tournant de l’histoire.

L’Histoire Le thème de la nouvelle L e Martyr calviniste présente un type d’homme nouveau, celui qui a été produit quand la violence des convictions s’inscrit pour la première fois dans l’histoire. Chargé par les chefs du parti protestant de transmettre à la reine un traité secret, le jeune messager (Christophe Lecamus), soumis à la torture, estropié, épuisé, trouve la force de se taire, malgré l’apparente ingratitude de ceux auxquels il sacrifie sa vie.

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Christophe Lecamus

La foi, la conviction, la volonté de sacrifice ont forgé un homme nouveau : le sentiment et l’idée montrent ici toute leur puissance, à la fois admirable chez ceux qu’elle inspire et désorganisatrice de l’ordre établi. Dans La Confidence des Ruggieri, le message est double. Balzac constate les conséquences du « renversement de toute religion » par l’esprit d’examen, il montre l’avènement d’une pensée nouvelle qui prend pour point de départ la maxime de l’athéisme : « Je ne crois pas que Dieu  s’occupe des choses humaines. » Et les deux Ruggieri, alchimistes et astrologues, exposent une nouvelle explication de l’ordre de la Création qui leur permet de dévoiler l’avenir. En même temps, cet avenir qu’ils découvrent annonce la puissance des idées et la désorganisation qu’elles apporteront : « Oui, sire, affirme Laurent Ruggieri, si le peuple triomphe, il fera sa Saint-Barthélemy ! Quand la religion et la royauté seront abattues, le peuple en viendra aux grands, après les grands, il s’en prendra aux riches. Enfin quand l’Europe ne sera plus qu’un troupeau d’hommes sans consistance parce qu’elle sera sans chefs, elle sera dévorée par de grossiers conquérants. » Et il conclut : « Les idées dévorent les siècles comme les hommes sont dévorés par leurs passions. »Cette possibilité de deviner l’avenir par l’intuition des causes et de leur inscription dans le présent est une des thèses que Balzac avait développées dans Louis Lambert. Et la désorganisation de l’Etat par les idéologies est l’application à la société des conceptions de Balzac sur l’imagination et la pensée.

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             Ruggieri

Les Deux Rêves ne sont que la réapparition de cette prophétie sous une autre forme, dans le salon d’un fermier général du temps de Louis XVI, par les rêves que racontent aux auditeurs deux inconnus qui semblent ivres, Robespierre et Marat. Ainsi cet essai Sur Catherine de Médicis où Balzac affirme avec force des principes qui, en apparence, se contredisent, est au fond l’illustration de cette pensée centrale des Etudes Philosophiques qu’il faisait exprimer en ces termes par Félix Davin : « (M. de Balzac) considère la pensée comme la cause la plus vive de la désorganisation de l’homme, conséquemment de la société. Il croit que toutes les idées, conséquemment tous les sentiments, sont des dissolvants plus ou moins actifs. » Mais que peuvent la ruse et la violence contre les idées ? Nous les croyons impuissantes. Qui peut-être sûr que ce n’est pas une illusion ? Ces interrogations ont embarrassé les balzaciens. Après une belle et savante thèse sur l’essai de Balzac, Nicole Cazauran conclut : « A la croisée de l’histoire et de la fiction, Catherine de Médicis ne devient pas tout à fait une héroïne balzacienne et les études qui lui sont vouées sont le reflet de cette métamorphose inachevée. » Nouvelle écrite par l’auteur à Paris, janvier 1828.

Sur Catherine de Médicis est un roman historique d’Honoré de Balzac, qualifié de « bricolé » par Claudie Bernard, à juste titre lorsqu’on lit l’histoire du texte qui s’échelonne de 1830 à 1842. Commencé à l’époque où Balzac produisait encore des œuvres de jeunesse directement inspirées de Walter Scott, terminé après la publication des principaux ouvrages de la Comédie humaine, cette œuvre en trois parties, à laquelle s’ajoute une quatrième en Introduction, oscille entre plusieurs genres : documentaire, plaidoyer, roman, conte fantastique, voire essai. Dans l’Introduction, publiée en 1842 chez Souverain sous le titre Catherine de Médicis expliquée, Balzac exhorte le lecteur à réviser son jugement sur une reine considérée comme sanguinaire et qui eut pourtant à affronter de cruels dilemmes.

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Théodore de Bèze,         théologien                 protestant

Le Martyr calviniste fait intervenir un personnage imaginaire : Christophe Lecamus, fils du fourreur de Catherine de Médicis, calviniste compromis dans les complots de la reine, qui affronte de terribles supplices et garde le silence pour ne pas compromettre la souveraine. Publiée en 1841 dans Le Siècle, elle rejoint la section des Etudes philosophiques aux éditions Souverain en 1842. Cet épisode de la vie de l’écrivain Balzac est d’une certaine manière consigné dans Illusions perdues. La Confidence des Ruggieri, publiée en 1836 dans La Chronique de Paris, reprise en volume dans la section Etudes philosophiques en 1837, retrace les amours de Charles IX avec Marie Touchet à la veille des massacres de la Saint-Barthélemy. Les Deux rêves, nouvelle publiée en 1830 dans La Revue des Deux Mondes, puis en 1831 dans les Romans et contes philosophiques, est une forme de récit fantastique. Au cours d’un dîner au XVIIIe siècle, deux convives, l’un avocat, l’autre chirurgien (Robespierre et Marat) racontent comment Catherine de Médicis leur est apparue en rêve pour glorifier les massacres purificateurs. Les quatre parties (Introduction, Le Martyr calviniste, La Confidence des Ruggieri, Les Deux rêves) seront réunies dans la deuxième édition Furne de la Comédie humaine en 1846.

Conclusion  « Comment ne pas admettre en conclusion que le lecteur de bonne volonté a quelque droit à rester déconcerté par ces études Sur Catherine de Médicis ? Alors qu’elles témoignent, chez celui qui se voulut le peintre de la société moderne en action, du refus de renoncer au roman historique et de l’obstination à composer un ensemble voué à la reine du XVIe siècle. Elles révèlent un romancier souvent réduit à emprunter la matière et jusqu’à la forme de ses scènes et portraits historiques, comme à trouver hors de l’histoire le dynamisme de ses trois récits. »

Les personnages Catherine de Médicis : née le 13 avril 1519 à Florence (Italie) sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de Médici et morte le 5 janvier 1589 à Blois (France). Fille de Laurent II de Médicis (1492-1519), duc d’Urbino, et de Madeleine de la Tour d’Auvergne (1495-1519), elle grandit en Italie d’où elle est originaire par son père. À la mort de ses parents, elle hérite du titre de duchesse d’Urbino, puis de celui de comtesse d’Auvergne à la mort de sa tante Anne d’Auvergne en 1524. Par son mariage avec le futur Henri II, elle devient Dauphine et duchesse consort de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth (reine consort d’Espagne) et Marguerite (dite « la reine Margot »), elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563. Catherine de Médicis est une figure emblématique du XVIe siècle. Son nom est irrémédiablement attaché aux guerres de religion opposant catholiques et protestants. Partisane d’une politique de conciliation, elle est l’instauratrice en France de la liberté de conscience pour les protestants, et a de nombreuses fois tenté de faire accepter le concept de tolérance civile. Lecamus : Pelletier au service de sa majesté au XVIe siècle. A une femme, d’où un fils, Christophe qui épouse Babette Lallier. La pelleterie est l’industrie du commerce et du travail des peaux et fourrures destinées aux fourreurs. Lallier : Orfèvre au XVIe siècle. A une fille, Babette, qui épouse Christophe Lecamus. Chaudieu : Plénipotentiaire secret de Théodore de Bèze et de Calvin, qui de Genève dirigent la Réformation française. La Renaudie : Jean du Barry, seigneur de la Renaudie, gentilhomme protestant, il est le meneur de la conspiration des calvinistes. L’amiral de Coligny et, d’Andelot, neveux du connétable de Montmorency, partisans déclarés du calvinisme en sont les agents les plus remarquables aux côtés de Condé et de Théodore de Bèze. La Renaudie sera tué le 18 mars 1560 dans une escarmouche dans la forêt de Château-Renault (rive droite de la Loire). Charles IX : Suite à l’échec de la conspiration de l’enlèvement du jeune François II, le duc de Guise reçu le grade de lieutenant-général du royaume. François II, infirme mourut après 17 mois de règne. Charles IX, son frère âgé de 10 ans, régna sur le royaume de France durant 14 années aux côtés de la Régente, sa mère, Marie de Médicis. Marie Touchet : Marie Touchet est la fille de Jean Touchet, sieur de Beauvais et du Quillard, conseiller du roi, lieutenant huguenot du bailliage d’Orléans, et de Marie Mathy, fille d’Orable Mathy, médecin du roi d’origine flamande. Comtesse d’Entragues, née à Orléans en 1549 et morte à Paris, le 28 mars 1638, elle était la maîtresse du roi Charles IX. Prince de Condé : Personnage historique représenté dans l’histoire par un inconnu, petit et bossus enveloppé d’une cape et assis sur un banc au moment où il rencontre Christophe Lecamus. Les Calvinistes fomentent le projet d’empêcher les Guise d’accéder au gouvernement en préparant l’enlèvement du roi à Amboise. Les Guise seraient arrêtés et Le Condé prendrait la direction des affaires du royaume. La conspiration est découverte et Condé emprisonné. Théodore de Bèze et l’aide de camp de Calvin: Personnages historiques représentés dans la nouvelle aux côtés de Christophe Lecamus. Humaniste, théologien protestant, traducteur de la Bible, professeur, ambassadeur et poète, Théodore de Bèze, fut le porte-parole de la Réforme en France au colloque de Poissy, puis pendant les guerres de religion. Il fut le chef incontesté de la cause réformée dans toute l’Europe et le successeur de Jean Calvin à la tête de l’Académie de Genève. Jean Calvin est un réformateur et théologien protestant. Il adopte les nouvelles idées de la Réforme protestante en 1533. Sources : 1) Source analyse : Préface tirée du 25ème tome de La Comédie Humaine éditée chez France Loisirs en 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris. 2) Histoire et conclusion, Encyclopédie universelle Wikipédia ; 3) Instructions sur l’Histoire de France, augmentée et continuée jusqu’au règne….par Charles Constant Le Tellier ; 4) Ouvrage Félicien Marceau « Balzac et son monde – Gallimard ».

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