Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Les secrets de la princesse de Cadignan

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie parisienne Picture 2  

LES SECRETS DE LA PRINCESSE DE CADIGNAN Œuvre dédicacée par Balzac, A THEOPHILE GAUTIER  

Analyse de l’oeuvre Grand ami de Balzac Théophile Gautier, né à Tarbes en 1811, est un écrivain français. Partisan du romantisme à la bataille d’Hermani, critique d’art et de théâtre, auteur de récits de voyage, tel Tra los montes en 1843, de nouvelles fantastiques et de romans Mademoiselle de Maupin en 1835, Le Capitaine Fracasse en 1863, il a défendu en poésie « l’art pour l’art » Emaux et Camées 1852). Il meurt à Neuilly en 1872. Théophile Gautier soutiendra Balzac le 11 janvier 1849, lorsqu’au premier tour de scrutin, l’Académie Française élira le duc de Noailles, comme écrivain par 25 voix sur 51 votants, au fauteuil de Chateaubriand. Balzac en avait obtenu 4 – celles de Victor Hugo, Lamartine, Empis et Pongerville. Trois jours après l’élection du duc de Noailles, le théâtre du Gymnase dramatique créait Madame Marneffe ou le Père prodique, pièce en cinq actes de Louis Clairville (1811-1876), adaptée de La Cousine Bette avec l’accord de Balzac à qui revenait le tiers des droits d’auteur. Rendant compte de cette pièce dans La Presse du 15 janvier, Théophile Gautier protestait contre « les quatre voix seulement » que Balzac venait d’obtenir à l’Académie, vantait « sa réputation européenne », son « talent immense », son « génie » et ajoutait : « La Divine Comédie n’est pas plus complète pour le monde invisible que La Comédie Humaine pour le monde réel ». Cela n’impressionna pas les 27 académiciens votants, qui le 18 janvier, eurent besoin de trois tours de scrutin pour élire avec 14 voix, le comte de Saint-Priest au fauteuil de Jean Vatout, Balzac obtenant successivement 2 voix (Hugo et Vigny).

Picture 3

      Princesse de Cadignan

Théophile Gautier, ce grand admirateur et ami de Balzac apprendra le décès de son ami à Venise, en ouvrant au Café Florian, place Saint-Marc, le journal des débats, « une des rares feuilles françaises qui pénétraient alors à Venise », et ne put envoyer d’article à La Presse.   C’est une image toute contraire de Balzac que nous donne une de ses plus célèbres nouvelles, Les secrets de la princesse de Cadignan. Marcel Proust l’admirait et en avait gardé un souvenir si exact, qu’il fait porter à Albertine une toilette qui rappelle celle que Diane de Cadignan avait faite pour recevoir d’Arthez. Paul Bourget et André Maurois, après lui, la placent parmi les meilleures des nouvelles de Balzac. Or, affirme Anne-Marie Meininger dans une très belle et très savante présentation de cette œuvre : « Balzac n’invente rien, ici moins que jamais », et elle précise : « la vie d’une authentique princesse parisienne – premier titre de cette nouvelle – lui dicta l’histoire de Diane de Cadignan ». C’est le contraire de Splendeurs et décadence des courtisanes, roman dans lequel Balzac invente un drame et des personnages de drame, tandis qu’ici, il invente en suivant fidèlement un modèle réel. Ecrite en juin 1839, la nouvelle de Balzac était résumée en ces termes par l’auteur lui-même à Mme Eve Hanska : « C’est la plus grande comédie morale qui existe. C’est l’amas de mensonges par lequel une femme de trente-sept ans, la duchesse de Maufrigneuse, devenue princesse de Cadignan par succession (à la mort de son beau-père) parvient à se faire prendre pour une sainte, une vertueuse, une pudique jeune fille par son quatorzième adorateur, c’est enfin le dernier degré de la dépravation dans les sentiments… Le chef-d’œuvre est d’avoir fait voir les mensonges comme justes, nécessaires et de les justifier par l’amour. C’est un des diamants de la couronne de votre serviteur. » Dans sa belle présentation qui résume des recherches publiées en 1962 dans L’Année Balzacienne, Mme Anne-Marie Meininger montre le parallélisme évident qu’elle a pu relever entre Cordélia de Castellane, née Greffulhe, fille d’un richissime banquier genevois, mariée à dix-sept ans au comte de Castellane, beaucoup plus âgé qu’elle, avec cette Diane d’Uxelles mise en scène par Balzac, née la même année, mariée au même âge avec le comte de Maufrigneuse, mari tout aussi volage que Castellane et tout aussi peu préoccupé de la conduite de sa femme. La fortune de la gracieuse suissesse fut aussi radicalement dilapidée par le comte de Castellane que celle de Diane de Maufrigneuse par son mari. L’une et l’autre, en échange, jouirent d’une totale liberté dont elles profitèrent également. Et, devenues sages, l’une et l’autre menaient un train de vie discret au faubourg Saint-Honoré et s’occupaient avec sagesse et diligence de l’établissement de leurs fils, Georges de Maufrigneuse et Henri de Castellane, qui firent le même brillant mariage. A trente-sept ans la comtesse de Castellane réussit à mettre à ses pieds le comte Molé, qui avait été un prestigieux président du Conseil du roi Louis-Philippe, prouesse de haute école féminine que Balzac fait réaliser dans les mêmes conditions par la princesse de Cadignan avec le seul équivalent qui lui parût digne d’un Premier ministre, le grand écrivain Daniel d’Arthez dans lequel il faut reconnaître Balzac lui-même. Cette très jolie comédie féminine méritait assurément l’admiration de Marcel Proust. Mais comment l’ironique photographe du langage de Madame Verdurin où de celui d’Oriane de Guermantes n’a-t-il pas été gêné par les phrases amphigouriques et prétentieuses, si inattendues chez la spirituelle Maufrigneuse du Cabinet des Antiques ? Ce pathos des duchesses est la seule partie de l’œuvre de Balzac qui ait vraiment vieilli. Et Balzac l’emploie un peu trop généreusement dans cette entreprise de séduction.

L’histoire Diane de Maufrigneuse devenue princesse de Cadignan à la mort de son beau-père profita de la Révolution de Juillet 1830 qui détruisit plusieurs fortunes aristocratiques soutenues par la Cour comme prétexte à la ruine complète de sa maison engendrée par ses inconséquences et ses prodigalités. Le prince exilé hors de France avec la famille royale, c’est sous sa nouvelle identité que Diane de Cadignan, se retire loin du monde et du faste des salons pour revêtir le costume de mère accomplie et se vouer totalement à l’éducation de son fils Georges. Les énormes sacrifices consentis par cette coquette ont un objectif – celui de cacher au monde l’état exact de son anéantissement financier, mais aussi parce qu’elle atteint l’âge de trente-sept ans et qu’elle veut définitivement enterrer son existence de mondaine coquette pour une vie vertueuse. Cette nouvelle existence, cet apparent rachat de « bonne conduite » est une façade hypocrite pour transposer la personnalité sulfureuse de la comtesse de Maufrigneuse » en une Diane de Cadignan irréprochable sous tous rapports. Chassez le naturel, celui-ci revient au galop – Ce don Juan féminin, sans cœur, qui n’a jamais aimé tente, avec l’aide de son amie la marquise d’Espard, un dernier jeu de séduction avec le poète Daniel d’Arthez, devenu baron et écrivain célèbre. C’est lors de confidences échangées entre elles, que Madame d’Espard, propose à son amie de lui présenter le jeune poète. C’est pour Diane l’occasion ultime d’aimer et d’être aimée. Affabulatrice et manipulatrice de haut vol, Diane séduira Daniel d’Arthez en endossant le rôle de victime : son enfance malheureuse avec une mère coquette et infidèle – son mariage forcé avec l’amant noble de sa mère – le dédain et le « mésamour » de ce dernier à son encontre – ses relations amoureuses avec des hommes qui ne la méritaient pas – la malchance qui a toujours été de son côté et qui lui a ôté les sentiments sincères du seul homme qui l’aimât vraiment, Michel Chrestien, dont la vie fût malheureusement emportée en pleine jeunesse. Michel Chrestien, l’ami du baron Daniel d’Arthez. Tout sera bon, à cette mondaine, pour sensibiliser et alpaguer le cœur pur et naïf du poète. Daniel convaincu et ému par le charisme, « l’authenticité des émotions » perceptibles chez cette grande dame, s’en éprend passionnément. Le bon goût, la culture et la finesse de cette femme sublime, en font, un ange divin, aux yeux du poète. Résultat de recherche d'images pour "les secrets de la princesse" Poussée par la curiosité, Madame d’Espard apprend en venant s’enquérir des nouvelles de son amie, que celle-ci file le plus charmant des contes de fées. Les femmes unies par un même malheur se soutiennent, mais si l’une d’entre elles aspire à un bonheur absolu, longtemps convoité et jamais trouvé, il y a de grandes chances pour que cette fausse amie soit votre ennemie de demain. Envieuse du bonheur de son amie, Madame d’Espard, donnera une soirée « intime » à laquelle elle convie, non seulement Daniel d’arthez, mais, dont la plupart des invités ont compté pour être des anciens amants de Diane. L’assemblée était composée des plus perfides personnes : Eugène de Rastignac, Emile Blondet, le marquis d’Ajuda-Pinto, Maxime de Trailles, le marquis d’Esgrignon, les deux Vandenesse, du Tillet, le baron de Nucingen, le chevalier d’Espard, Nathan et Lady Dudley. Comme Madame d’Espard le prévoyait, et sans qu’elle n’ait à intervenir, les railleries à demi-ton et les traits d’esprit sur l’existence de la duchesse de Maufrigneuse furent très vite le sujet principal de la soirée. Daniel d’Arthez, défendra dignement la princesse et en sortira grandi aux yeux des convives. D’Arthez a su montrer qu’il n’est pas l’homme crédule et stupide que tout le monde attendait. Il est psychologue, fin et intelligent. Diane ayant hérité de quelque fortune de sa mère, déserta Paris les mois d’été pour vivre à Genève avec son grand écrivain pour n’y revenir que les mois d’hiver. Il n’est pas noté combien de temps a duré leur idylle. Aux Jardies, juin 1839

Personnages principaux La princesse de Cadignan : Famille noble représentée par un vieux prince de Cadignan qui meurt en 1830. Il est le père d’une fille qui épouse le duc de Navarreins et d’un fils né vers 1776, duc de Maufrigneuse jusqu’en 1830, puis prince de Cadignan. Ce fils épouse en 1814 Diane d’Uxelles, née en 1796, duchesse de Maufrigneuse, puis princesse de Cadignan. De cette union naîtra Georges de Maufrigneuse vers 1815 qui épousera Berthe de Cinq-Cygne. La duchesse de Maufrigneuse et princesse de Cadignan est une ancienne mondaine du faubourg Saint-Germain. La maison de Cadignan qui possède le titre de duc Maufrigneuse pour ses fils aînés et chevaliers de Cadignan pour les cadets. Les Cadignan portent d’or à cinq fusées de sable accolées et mises en fasce, avec le mot MEMINI pour devise. Cette illustre maison se trouve ruinée après la révolution de juillet 1830 et la duchesse de Maufrigneuse, devenue princesse de Cadignan à la mort de son beau-père se retire de la vie mondaine tant pour faire oublier son passé sulfureux de coquette mondaine que pour redorer son blason d’une probité nécessaire à l’aube de sa vieillesse. Manipulatrice et comédienne dans l’âme, elle se disculpe si bien des comportements déshonorants du passé de la duchesse de Maufrigneuse et se fait si bien passer pour une victime de la vie auprès de son amant Daniel d’Arthez, qu’elle gagne complètement l’admiration et le cœur de ce grand homme.

Picture 3

                Diane de Maufrigneuse,                                princesse de Cadignan

La marquise d’Espard : Femme supérieure et noble du faubourg Saint-Germain, fort en crédit à la Cour. Illustre par sa naissance, une Blamont-Chauvry, elle a tous les atouts de la femme supérieure. Elle est l’amie de la princesse de Cadignan. Très proches et complices des événements de leur vie intime, elles se font des confidences et se soutiennent – alors qu’elles se confient l’une à l’autre n’avoir jamais rencontré le vrai et le grand Amour – l’amour innocent et inconditionnel. Mme d’Espard qui a déjà rencontré le grand écrivain Daniel d’Artez lui propose de lui présenter ce jeune homme de talent, travailleur et sérieux. Daniel d’Arthez : (1794) Etudiant sans le sou logé à la pension Vauquer, Daniel d’Arthez hérite d’une fortune familiale qui le hausse au rang de baron. Ecrivain sérieux et gros travailleur, Daniel, malgré sa fortune, ne partage pas le faste des gens riches : il vit dans l’aisance tout en continuant ses obligations et ses travaux littéraires. C’est aussi un homme politique. Eugène de Rastignac : (1798) étudiant, puis ministre et comte. Né de famille noble de l’Angoumois représentée par un baron de Rastignac qui vit près d’Angoulême. Eugène épouse en 1838, Augusta de Nucingen. Eugène fait partie des dandies, c’est un élégant qui fréquente les salons les plus célèbres de la capitale. Maxime de Trailles : (naissance présumée en 1792) Comte et dandy qui à l’instar d’Eugène de Rastignac fait partie de la famille des lions, c’est-à-dire de la race des seigneurs. Personne pleine d’esprit, il est le phénix des salons parisiens. Il épouse une femme dont nous avons tout lieu de penser qu’elle est Cécile Beauvisage.  

Sources analyse/histoire :

1) Roger Pierrot « Honoré de Balzac » édité chez Fayard en février 1999 –

2) Préface du tome XIV recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Source généalogie des personnages :

1) Félicien Marceau intitulé Balzac et son monde (Gallimard) –

2) Encyclopédie universelle Wikipédia.

No Comments
Post a Comment