Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Un prince de la bohême

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie parisienne Image illustrative de l'article Un prince de la bohème  

UN PRINCE DE LA BOHEME    

Nouvelle écrite durant la période de 1939 à 1845  

Dédicacée A HEINE Mon cher Heine, à vous cette Etude, à vous qui représentez à Paris l’esprit de la poésie de l’Allemagne comme en Allemagne vous représentez la vive et spirituelle critique française, à vous qui savez mieux que personne ce qu’il peut y avoir ici de critique, de plaisanterie, d’amour et de vérité. De Balzac.

Analyse de l’oeuvre C’est une des plus amusantes des nouvelles de Balzac, une des plus brillantes aussi qui appartient, par sa structure aussi bien que par le style choisi, à cette galerie de portraits dont les nouvelles précédentes nous offrent d’autres spécimens. Trait essentiel dans ces nouvelles, il n’y a plus de drame, mais des saynettes, le portrait, la situation, la verve du conteur soutenant seuls dans l’intérêt et remplaçant le pathétique. Cette formule est audacieuse : le brio de l’exécution devient indispensable, l’assurance du conteur aussi, il va toujours un peu au-delà du vraisemblable pour amuser. Un prince de la bohème a été publié dans un des fascicules de la Revue Parisienne en août 1840. Cette Revue Parisienne était la plus récente invention de Balzac : une revue mensuelle en petit format qui devait concurrencer Les Guêpes d’Alphonse Karr. L’aventure dura peu et fut donc moins désastreuse que l’équipée de la Chronique de Paris, mais elle exigeait autant de copie que Balzac devait fournir lui-même. Un prince de la bohème y parut sous un titre beaucoup plus exact, Les Fantaisies de Claudine. Ce changement de titre est capital, car il masque le vrai sujet. On croit souvent que le personnage principal est le brillant Charles-Edouard Rusticoli, comte de La Palférine, spirituel séducteur logé dans une chambre de bonne. En réalité, le Rusticoli n’est qu’un portrait amusant et audacieux qui permet d’égrener des anecdotes et de personnaliser une insolence. Le vrai personnage est cette Claudine, rencontrée par hasard, séduite sans intention et chez laquelle éclot soudain et se développe un amour de courtisane, amour d’adoration, de soumission, de dévouement absolu, idée fixe remplissant une vie, réplique dans le registre comique de l’amour absolu d’Esther pour Lucien de Rubempré dans Splendeurs et misères des courtisanes. Cette étonnante figure de femme est une des plus vigoureuses « études de femmes » de Balzac. Et en même temps, reconnaissons le véritable caractère des scènes amusantes, des comédies, des fantaisies qu’une insolence ou un caprice de La Palférine lui imposent comme autant d’épreuves et qui font d’un mari vaudevilliste, par cette docilité de Claudine, un homme considéré, riche, décoré, qui finit comte et pair de France : ce sont des esquisses de ces Petites misères de la vie conjugale, complément de la Physiologie du mariage, dont Balzac avait déjà donné plusieurs fragments au journal La Caricature en octobre-décembre 1839 et dont il donna aussi un autre brillant spécimen dans la fin de Béatrix, à la même époque, lorsqu’il peignait le bonheur tranquille du comte de Rochefide, autre victime heureuse. Tout cela est grossi, moqueur, et, bien sûr, incroyable : mais avec autant de vérité, au fond, que de drôlerie.

L’histoire La scène se déroule dans le salon de la marquise de la Baudraye qui se trouve en compagnie de son ami, le poète Nathan, le narrateur de cette histoire. Le jeune homme dont il est question dans le récit de Nathan à la marquise, se trouve être Charles-Edouard Rusticoli, comte de La Palférine. Cet ami de Nathan est un jeune gentilhomme spirituel, de bonne conversation mais sans fortune. Ce jeune dandy fait partie de la Bohème. C’est sous le sobriquet de la Bohème que se réunissent, sur le boulevard des Italiens et dans les salons, les jeunes gens d’esprit et de génie, les artistes en tous genres, les futures étoiles de demain. La Palferine rencontre Claudine, une femme mariée au vaudevilliste le sieur du Bruel de Cursy. Il la séduit et en fait sa passade du moment. La passion de Claudine pour Charles-Edouard est sans limite et elle répond à tous les caprices du dandy. Dans l’aveuglement de son amour elle relèvera les défis les plus audacieux, comme celui d’obtenir pour son mari le titre de comte et la nomination de pair de France afin de satisfaire à la demande de Charles-Edouard qui ne peut nouer une relation sérieuse qu’avec une personne digne de son rang. Les plaisanteries féroces de La Palferine ayant si bien commandé de ses caprices la loi du ménage de Claudine ont fait de cette famille de vaudevilliste une famille noble.

Autour de la famille de La Palférine Les Rusticoli, arrivés en France avec Catherine de Médicis, sont alors dépossédés d’une souveraineté minime en Toscane. Un peu parents de d’Este, ils se sont alliés aux Guise. Ils ont tué beaucoup de Protestants à la Saint-Barthélémy, et Charles IX leur a donné l’héritière du comté de la Palferine, confisqué sur le duc de Savoie, et que Henri IV leur a racheté tout en leur en laissant le titre. Ce grand roi fit la sottise de rendre ce fief au duc de Savoie. En échange, les comtes de la Palferine qui portaient avant que les Medici eussent des armes, d’argent à la croix fleurdelysée d’azur (la croix fut fleurdelysée par lettres patentes de Charles IX), sommé d’une couronne de comte et deux paysans pour supports, avec IN HOC SIGNO VINCIMUS pour devise, ont eu deux Charges de la Couronne et un gouvernement. Ils ont joué le plus beau rôle sous les Valois, et jusqu’au quasi-règne de Richelieu ; puis ils se sont amoindris sous Louis XIV et ruinés sous Louis XV. Le grand-père de Charles-Edouard dévora les restes de cette brillante maison avec mademoiselle Laguerre, qu’il mit à la mode, lui, le premier, avant Bouret. Officier sans aucune fortune en 1789, le père de Charles-Edouard eut le bon esprit, la Révolution aidant, de s’appeler Rusticoli. Ce père, qui d’ailleurs, épousa, durant les guerres d’Italie, une filleule de la comtesse Albani, une Capponi, de là le dernier prénom de La Palferine, fut l’un des meilleurs colonels de l’armée ; aussi l’Empereur le nomma-t-il commandant de la Légion d’Honneur, et le fit-il comte.

Les personnages Milaud de la Baudraye : Famille noble représentée par quelques ancêtres et par un fermier général qui épouse une Castéran-la-Tour. Jean-Anasthase-Polydore de la Baudraye : Né en 1780, il est le fils de Milaud de la Baudraye. Cet homme de petite santé épouse Dinah Piédefer en 1807. Il est comte et pair de France. Dinah de la Baudraye : née d’une famille protestante à Bourges dont le père Moïse Piédefer est décédé en 1819. Raoul Nathan : Ecrivain et journaliste – il est l’époux de Sophie Grignoult, appelée communément Florine. Tullia : Claudine Chaffaroux, danseuse sous le nom de Tullia. Elle épouse en 1829, Jean-François du Bruel né en 1797, fonctionnaire, auteur dramatique, comte et pair de France.  

Source analyse/histoire : Préface (tome XVI) recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Source généalogie des personnages : Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard.

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