Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

L’Envers de l’Histoire contemporaine

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie parisienne 

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         Madame de la Chanterie

  L’ENVERS DE L’HISTOIRE CONTEMPORAINE      

L’historien place dans ce tome la dernière des Scènes de la vie parisienne, L’Envers de l’histoire contemporaine et les premières des Scènes de la vie politique.    

Analyse de l’oeuvre L’Envers de l’histoire contemporaine est paru en 1848. Il est le dernier volume des Scènes de la vie parisienne des œuvres de La Comédie humaine. L’Envers de l’histoire contemporaine est un titre trompeur. On croit que le romancier va dévoiler des secrets, qu’il s’agit de ce que Stendhal nommait « le dessous des cartes ». C’est une erreur. Ce titre, attribué tardivement, en 1846, avait une toute autre signification. Balzac venait de montrer dans les Scènes de la vie parisienne la brutalité et le cynisme de son époque. Il voulut corriger cette impression pessimiste que son œuvre pouvait donner en montrant que cette société égoïste et féroce avait aussi une autre face, un « envers » inconnu, comme une pièce de monnaie, une face de désintéressement, de générosité et de foi : ce que vous ne voyez pas, ce que vous ne savez pas de votre temps, correction qui est vraie de toutes les époques. Cette mise au point, Balzac y pensait depuis bien longtemps. Déjà, en 1833, Le Médecin de campagne, en décrivant la mission philanthropique dont s’était chargé le docteur Benassis dans un canton déshérité des Alpes, établissait un premier contraste que confirmait, six ans plus tard, en 1839, Le Curé du village, l’un et l’autre recueillis dans les Scènes de la vie de campagne. Vers 1835, une étude manuscrite de quelques pages, intitulée Les Précepteurs en Dieu, semble annoncer déjà un projet analogue à celui de L’Envers de l’histoire contemporaine. Cette intention morale était accompagnée chez Balzac, il faut l’avouer, d’une intention qui n’était pas absolument désintéressée. Balzac avait eu la satisfaction, au moment où il publiait Le Médecin de campagne, d’être inscrit par les académiciens sur la liste des écrivains susceptibles de remporter le prix Montyon, qui, toutefois, ne lui fut pas décerné. Depuis cette date, le prix Montyon revenait périodiquement parmi les préoccupations de Balzac. Il eut même dans les rêves de Balzac une importance disproportionnée à son montant. Balzac s’imaginait que le prix Montyon permettait d’offrir vingt mille francs, une somme considérable à cette époque, à un écrivain auteur d’une œuvre d’une haute moralité. En réalité, le prix Montyon était de neuf mille francs et cette somme était partagée par l’Académie entre plusieurs bonnes âmes. Balzac commençait par l’attribuer à un seul bénéficiaire et supposait qu’en considération de sa candidature, l’Académie ne manquerait pas de cumuler les arrérages de plusieurs années. Le prix Montyon était expressément désigné par Balzac en 1842 dans la lettre où il annonçait à Mme Hanska son projet d’écrire Les Frères de la consolation titre sous lequel il désignait alors L’Envers de l’histoire contemporaine. En vérité, le projet de Balzac méritait tout à fait de postuler les suffrages des académiciens. Balzac voulait décrire la vie d’une petite société secrète formée de chrétiens appliquant à la lettre les prescriptions de l’Evangile en se donnant pour objet de consacrer toutes leurs ressources personnelles à secourir les misères patentes ou cachées. C’était exactement l’envers de l’Histoire des treize. Ces conspirateurs de la charité chrétienne sont au nombre de quatre, vivent dans la plus profonde retraite, ne se connaissent entre eux que par leurs prénoms, et sont placés sous la direction d’une dame d’une soixantaine d’années qu’on appelle Mme de La Chanterie.

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   Madame de la Chanterie

Le roman est la découverte progressive de ce petit groupe par un néophyte que le hasard a amené parmi eux. Les motifs qui avaient déterminé l’adhésion de chacun des participants fournissaient un fil conducteur simple sur lequel on pouvait brancher toutes sortes de dérivations. C’est ce que montrent assez clairement les diverses phases de la rédaction du roman qui s’échelonne de 1842 à 1848. Un premier fragment parut au Musée des familles en septembre 1842 sous le titre Les Méchancetés d’un saint. C’est l’histoire de celui qu’on appelle dans le groupe M. Alain. Il a prêté ses économies au temps du Directoire à un de ses amis, qui pendant de longues années ne donne pas de ses nouvelles, qu’il maudit parce qu’il mène à cause de lui une vie de privations, et presque de misère, qui se croit trahi et qui voit revenir vingt ans plus tard, après la fin du blocus continental, cet ami qui lui était resté fidèle et qui lui remet scrupuleusement une fortune amassée en son nom. Un deuxième fragment parut au Musée des familles en septembre 1843 sous le titre La Maladie du siècle. C’était l’histoire du narrateur lui-même qui explique pourquoi il s’est présenté à cette thébaïde silencieuse de la rue Chanoinesse après une vie manquée de dilapidations et d’égoïsme.

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          Godefroy

Un troisième fragment parut, toujours au Musée des familles en octobre et novembre 1843, sous le titre Madame de La Chanterie. C’était l’histoire dramatique de la fondatrice du petit groupe qui s’était jetée dans cette voie de la totale charité chrétienne après une tragédie qui appartenait à l’histoire politique du règne de Napoléon 1er. Ces trois nouvelles paraissaient sans lien entre elles. Leurs dimensions étaient fixées par l’accord passé entre Balzac et Le Musée des familles. La revue limitait rigoureusement à 3000 lignes la longueur des récits destinés à ses abonnés. Ce calibrage eut pour effet d’imposer à Balzac un processus de découverte progressive des mystères des Frères de la Consolation. Les trois récits furent réunis pour la première fois en 1846 dans le tome XII de La Comédie humaine sous le titre L’Envers de l’histoire contemporaine. Ils étaient classés alors parmi les Scènes de la vie politique. Cet ensemble constitua ce qu’on nomme le premier épisode de L’Envers de l’histoire contemporaine, qui porte comme sous-titre Madame de La Chanterie. Le second épisode, sous-titré L’Initié, fut écrit par Balzac à Wierzchownia en Ukraine chez Mme Hanska, auprès de laquelle Balzac se trouvait depuis le 13 septembre 1847 et d’où il revint à Paris le 15 février 1848. Ce fragment, beaucoup plus long que les précédents, contient le récit de la première mission confiée au narrateur. C’est une aventure encore plus étrange que les deux premières. Picture 4 Le narrateur, qu’on désigne sous le nom de Godefroid, est chargé d’enquêter sur une famille bourgeoise qui vit modestement dans un faubourg pour soigner une malade qu’on ne voit jamais. Godefroid découvre peu à peu que le chef de famille, un vieillard, et son petit-fils, un adolescent, vivent dans une misère complète en même temps qu’ils organisent dans le plus grand secret une comédie du luxe et du haut rang social dans un sanctuaire interdit à tous les regards : là, une grande malade qu’ils essaient de sauver doit croire que rien n’est changé à l’opulence qu’elle a connu autrefois. Godefroid est bouleversé par cette invraisemblable gageure tenue depuis plusieurs années par le vieil homme et son petit-fils. Il finit par savoir qu’un seul médecin peut guérir la malade étrange qu’on cache dans cette retraite, un célèbre praticien juif polonais qui exige des honoraires exorbitants. Il décide ses associés à faire cette dépense. La malade est sauvée. Mais une série de circonstances contraignent le vieillard à faire connaître son nom véritable. On apprend qu’il est le procureur impérial qui a requis d’une façon impitoyable devant le tribunal d’exception de l’Orne contre Mme de La Chanterie et sa fille et qui a obtenu la condamnation à mort de la fille, condamnation exécutée, et une peine de vingt ans de prison dont Mme de La Chanterie a dû accomplir une partie. Le vieillard, comprenant le mal qu’il a fait, va implorer son pardon, en le demandant par des cris « déchirants », au nom de Jésus mort sur la croix ». A ce moment, écrit Balzac, Mme de La Chanterie apparaît comme un spectre à la porte de sa chambre, défaillante : « Par Louis XVI et Marie-Antoinette, dit-elle, que je vois sur leur échafaud, par madame Elisabeth, par ma fille, par la vôtre, par Jésus, je vous pardonne. » En entendant ce dernier mot, l’ancien procureur lève les yeux et dit : « Les anges se vengent ainsi.. » Balzac, revenu à Paris le 15 février 1848, arrivait à la veille des journées révolutionnaires qui allaient mettre fin au règne de Louis-Philippe. L’Initié, deuxième partie du roman, parut dans un des nouveaux journaux, Le Spectateur républicain, à partir du 1er août 1848. Il ne fut publié en volume qu’après la mort de Balzac, en 1854, dans le tome II des volumes complémentaires de La Comédie humaine, chez un nouvel éditeur, Mme Houssiaux. Que faut-il penser de ce roman qui tourne si intrépidement au sublime ? Il est impossible de ne pas remarquer la différence de fermeté et d’autorité entre les portraits de ces saintes personnes et ceux des personnages qui vivent au milieu des passions et des calculs du siècle. On ne voit aucun des personnages mis en scène, ni le doux et inoffensif M. Alain qui est pourtant le mieux caractérisé, ni le narrateur, ni les autres sociétaires, ni même Mme de La Chanterie, confite, douloureuse, crispée, mais immobile comme une idole. Les événements ne valent pas mieux. Ils sont tous invraisemblables, poussés au sublime, mais impossibles – ou défigurés. Aucune des touchantes histoires qui nous sont racontées ne peut être acceptée par un lecteur pourvu d’un minimum d’esprit critique. Personne ne peut croire à cette chambre remplie de merveilles dans laquelle la malheureuse Wanda aboie, à ces fleurs somptueuses renouvelées chaque jour, à cet oasis musical et luxueux caché dans une masure ignoble, illusion maintenue contre le monde entier par un vieillard et un enfant. Quant à l’histoire de Mme Aquet de Férolles, l’histoire dramatique, authentique, sur laquelle sont copiées la fin tragique de la fille de Mme de La Chanterie et sa propre destinée, Balzac s’en débarrasse en reproduisant l’acte d’accusation de l’affaire des chauffeurs de Mortagne que lui avait communiqué le greffier de Caen. Mais il suffit de lire le récit des événements tel qu’il a été reconstitué par Gustave Lenôtre dans Tournebut pour voir que Balzac a « évacué » au bénéfice de sa sainte, tout le pathétique d’une épouvantable machination policière : et aussi l’héroïsme, la beauté terrible de cet épisode de la résistance, Mme de La Chanterie fanatique et secrète, et, devant elle, exposée au pilori, toute la bourgeoisie de Rouen défilant avec respect, chapeau bas. On comprend bien la cause de cette falsification. Il n’y avait, il ne pouvait y avoir aucun rapport entre l’admirable fanatique de la réalité et la sainte que Balzac voulait représenter. Ce mélange d’affabulation et d’édulcoration laisse une impression étrange d’irréalité. Balzac fabrique du sublime et il arrive parfois qu’on soit touché. Mais il le fabrique aux dépens de la réalité. Au temps de l’Histoire des treize, il inventait un mélodrame de la puissance. L’Envers de l’histoire contemporaine est un mélodrame de la charité. Le sublime n’existe-t-il qu’à ce prix ?

L’Histoire La date indiquée par Balzac à la fin de l’histoire est : août 1848 Il s’agit ici d’une société à but charitable : Les Frères de la consolation qui vivent pieusement et secrètement dans une retraite dirigée par leur fondatrice, Madame de La Chanterie. Ces personnages vivent très modestement à l’instar de leurs frères résidant dans les monastères. Cette organisation comparée à celle de l’Histoire des Treize fondée sur le mal, est l’association du bien. L’histoire débute par la résolution du jeune Godefroid d’en finir avec sa vie d’oisiveté et de débauche qui l’a ruiné. Pour cela, il est appâté par une petite annonce qui lui promet hébergement et pension pour un coût très respectable. En se rendant à l’adresse indiquée, il est le spectateur d’une scène émouvante. En effet, il voit un homme qui vient en aide à son prochain en lui apportant réconfort et consolation. Il rencontre et reconnaît, dans le bâtiment où il est logé, la personne qui a secouru l’homme en détresse. Au fil des jours, il apprend à connaître, à apprécier et à se faire aimer des autres locataires ainsi que de sa logeuse et propriétaire, Madame de La Chanterie. Il sera peu à peu initié à leurs activités de charité pour être formé à accepter sa première mission. Celle-ci consiste à enquêter sur la vie d’une famille qui, en façade, fait croire à une certaine aisance, mais qui en fait, vit dans la plus singulière des pauvretés. Cette famille cache un horrible secret tant pour elle que pour Madame de La Chanterie.

Les personnages Godefroy : Jeune homme désireux de sortir de l’adolescence pour apprendre un métier et faire quelque chose de sa vie. Son nom de famille nous est inconnu et H. de Balzac ne dit rien de sa famille. Philiberte de Champignelles : Née en 1772 et issue d’une famille noble normande, Barbe-Philiberte de Champignelles, épouse de Henri de la Chanterie né en 1763, maître des requêtes puis président de tribunal révolutionnaire, puis bigame, mort en 1802. Jean-Jules Popinot : Juge et cofondateur de la société avec Madame de la Chanterie et le vicaire de Notre-Dame.

1) Source analyse : Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (tome XVIII) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

2) Source thème de l’histoire : Encyclopédie universelle Wikipédia.

3) Source : Félicien Marceau « Balzac et son monde », Gallimard.

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