Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Pierrette

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac Ve volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877) 

 

Scènes de la vie de province Picture 1  

PIERRETTE – Roman publié dans le journal libéral Le Siècle  

Roman dédicacé par H. de Balzac à Mademoiselle Anna de Hanska, fille de la comtesse Hanska, âgée alors de 11 ans.

A MADEMOISELLE ANNA DE HANSKA Chère enfant, vous la joie de toute une maison, vous dont la pèlerine blanche ou rose voltige en été dans les massifs de Wierzchownia, comme un feu follet que votre mère et votre père suivent d’un œil attendri, comment vais-je vous dédier une histoire pleine de mélancolie ? Ne faut-il pas vous parler des malheurs qu’une jeune fille adorée comme vous l’êtes ne connaîtra jamais, car vos jolies mains pourront un jour les consoler ? Il est si difficile, Anna, de vous trouver, dans l’histoire de nos mœurs, une aventure digne de passer sous vos yeux, que l’auteur n’avait pas à choisir ; mais peut-être apprendrez-vous combien vous êtes heureuse en lisant celle que vous envoie Votre vieil ami, De Balzac.

Analyse de l’oeuvre  Ce roman fait partie des Etudes de mœurs de La Comédie humaine et se situe dans le second volume des Scènes de la vie de province dont le sous-ensemble s’intitule Les Célibataires. Première parution : janvier 1840, en feuilleton dans le journal Le Siècle puis le livre paraît en septembre de la même année. Pierrette est une « scène de la vie de province » typique. La ville n’est pas estompée, réduite à des figurants : elle est l’acteur principal. Le sujet apparent est l’histoire d’une petite orpheline appelée Pierrette. Le sujet réel est l’histoire d’une petite ville à la veille de la révolution de 1830. Eugénie Grandet est, en réalité, une « scène de la vie privée » qui se passe en province. Pierrette est une « scène de la vie de province » qui est déjà une « scène de la vie politique ». C’est un roman assez court écrit par H. de Balzac dans les derniers mois de 1839. La nouvelle a été publiée en janvier 1840. Cette date n’est pas un hasard. En effet, en 1839 Balzac vient de publier Béatrix dont la première partie est un magnifique poème sur la Bretagne. Et pendant l’été 1839, il a consacré tout son temps à essayer de sauver le notaire Peytel condamné à mort par le Tribunal de Bourg. Balzac avait connu Peytel, alors journaliste à La Caricature – En 1830, Peytel devenu notaire à Belley, était accusé du meurtre de sa femme, par jalousie peut-être, dans des circonstances qui étaient restées obscures. Il avait été condamné à mort. Balzac était convaincu de son innocence. Il était parti aussitôt à Bourg avec Gavarni pour essayer de le sauver. Il échoua : Peytel, 18 ans plus tôt, s’était beaucoup moqué de la royauté bourgeoise ; son recours en grâce fut rejeté. Cette double rencontre détermina la signification du roman. La Bretagne va fournir le fonds sentimental de Pierrette. Les bretons, Pierrette et son petit fiancé Brigaut, sont, comme dans Béatrix, les purs, les  cœurs nobles qui sont les victimes; le procès Peytel fournira l’intrigue, la comédie judiciaire, la matière dramatique. En juin 1839, l’intention de Balzac était de faire une oeuvre « un peu jeune fille », destinée à la fille de Mme Hanska, Anna, qui venait d’avoir onze ans. Tout est changé après le voyage à Bourg et le dénouement tragique du procès Peytel. Pierrette devient une nouvelle exemplaire , un crime domestique auquel toute une ville est associée : et Balzac termine son roman en comparant la mort de Pierrette au destin malheureux de Béatrice Cenci, que le Pape avait jadis abandonnée à ses juges, circonvenus par des intrigues politiques et des intérêts de famille. Ainsi se charge de sens l’histoire banale d’une petite orpheline pauvre confiée à des collatéraux imbéciles qui font d’elle un souffre-douleur et une pauvre petite martyre, la petite histoire racontée à Anna Hanska. Et le décor, les coulisses, l’accusation, c’est pour les lecteurs de La Comédie humaine. L’implantation provinciale, les parentés, la distribution de la puissance entre quelques familles bourgeoises, c’est le dispositif qu’on retrouvera un an plus tard dans Ursule Mirouët, et ensuite dans Les Paysans : mais dans Pierrette, il ne sert à rien. Parce que la fermentation politique, au moment de la démission du ministère Villèle, a créé un contre-pouvoir. Cette année décisive est celle où Balzac situe l’action du roman. La naissance de la contestation installe deux camps disposant d’armes égales. C’est le dispositif que nous retrouvons dans d’autres Scènes de la vie de province, dans La Rabouilleuse, Le Cabinet des antiques, La Vieille fille. Ce dispositif fournit le système dramatique. Mais l’étude de la vie en province est aussi une étude psychologique qui fait intervenir d’autres données. Eugénie Grandet montrait les effets de l’immobilité : cette immobilité polissait le granit des caractères, mais ne le détruisait pas. Dans Pierrette, la monotonie et l’étroitesse de la vie provinciale ont un autre résultat : elles crétinisent. En quoi elles ne font qu’achever un travail de destruction commencé à Paris par la mécanique du petit commerce. Ce couple de crétins est admirable. La grande face blafarde de Sylvie Rogron est, avec La Cousine Bette, un des portraits les plus effrayants de Balzac. Le mari est nul. Le couple est traité d’abord sur le mode comique. Leur grande affaire est d’orner la maison où ils passeront les années de leur retraite, d’en faire une maison bourgeoise et même cossue : cette demeure ridicule et surchargée est une belle démonstration de cette idée chère à Balzac qu’une habitation nous apprend déjà tout sur celui qui l’habite. Les bourgeois de Provins se moquent de leur maison et de leurs prétentions. Leur rancune de vanité blessée est d’abord leur seul sentiment. Puis vient l’étonnant « montage » que Balzac tire de cette rancune en la greffant sur l’aigreur de l’opposition libérale. Les Rogron deviennent importants. C’est le moment où se déploie le caractère de Sylvie, sa méchanceté, son despotisme, sa mesquinerie. La jalousie s’en mêle et ce qui va avec la jalousie, l’espionnage et la perfidie. Le tragique et le comique se mêlent dans cette conjonction de la haine et du ridicule. Le « montage » de Balzac aboutit au drame. Mais ce « montage » si réussi est aussi la faiblesse du roman. Finalement, une contradiction se dévoile entre le sujet et le grossissement que Balzac lui donne. La conduite des Rogron envers Pierrette est-elle vraiment un « crime moral » ? Pas de mobile. Sont-ils des tortionnaires ? Même pas. Il y a chez eux de l’égoïsme, de l’indifférence, de la méchanceté. Pierrette meurt par leur faute, mais où est la préméditation, où est le délit ?  « Pourquoi pas les galères », ironisera leur avocat. Balzac pense trop au procès Peytel. Il le transpose à Provins : mais sans réussir à en faire un crime judiciaire ou un crime de la vie privée. La crédibilité souffre de ce grossissement pathétique. A la fin, on lit avec étonnement la phrase qui assimile le destin de Pierrette à celui de Béatrice Cenci. Ce n’est pas la même chose de mourir dépôt de pus mal soigné derrière l’oreille et d’être conduite dans un tombereau à l’échafaud. Il y eut au cours de la publication de Pierrette un incident comique. Pierrette était publié en feuilleton dans Le Siècle, journal libéral. Le directeur du journal fut très embarrassé, les libéraux étant représentés sans indulgence dans le roman. On demanda à Balzac de nombreuses modifications de détails qu’il fit. Cela ne fut pas suffisant. Le journal dû s’excuser auprès de ses lecteurs. Eugénie Grandet est une « scène de province » dans laquelle on ne voit pas les habitants de la province. Pierrette est une « scène de province » dramatisée dans laquelle les habitants sont les acteurs du drame.

Source analyse : Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (Tome VIII) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

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     Pierrette et sa marâtre

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         Sylvie Rogron

Par cette nouvelle, Balzac nous démontre que certains crimes moraux de la vie domestique restent impunis par la loi. Ces crimes cachés restent enfouis dans les secrets de famille – Encore de nos jours, ces délits restent tabous et prennent rarement la forme de crimes judiciaire.

L’Histoire Les événements de l’histoire se passent à l’aube de la révolution de 1830 durant le règne de Charles X (1824-1830) et se déroule entièrement dans la ville, dite médiévale, de Provins dans le département de Seine-et-Marne. Pierrette Lorrain est une jeune orpheline, confiée par ses grands-parents ruinés à ses cousins Rogron, deux célibataires imbéciles, aigris et égoïstes. La passion de ces deux vieux célibataires consiste en la réfection de leur domicile acheté sur la base de leurs économies pour y vivre une paisible retraite. Leur seule ambition : Orner la maison de manière à en faire une maison bourgeoise et rivaliser avec le salon de la belle madame Typhaine réputé le meilleur endroit de Provins où passer ses soirées. Les bourgeois de Provins se moquent de leur maison et de leurs prétentions. Blessés dans leur orgueil, ils attendent le moment où ils deviendront assez puissants pour exercer leur vengeance. Pierrette, au centre de ces rivalités, sera la victime innocente des manipulations des personnages essayant de récupérer la fortune des Rogron. A la méchanceté de Sylvie Rogron, s’ajoute le despotisme, la mesquinerie et la jalousie. De sa jalousie nait l’espionnage et la perfidie. Pierrette, devenue leur esclave, leur souffre-douleur, leur exutoire meurt sous les actes de maltraitance (plus moraux que physique) de ces méchantes créatures. La grand-mère alertée par Brigaut, son fiancé, arrivera trop tard. C’est le docteur Horace Bianchon qui dénonce les sévices dont la jeune fille est victime et qui propose à son maître (Desplein) de la faire trépaner. Horace assiste son maître dans cette opération délicate. Malgré les soins prodigués, Pierrette ne survivra pas à ses blessures. Par ce roman, Balzac veut montrer les ravages et sottises du célibat. Il montre également du doigt « les vieilles filles et les vieux garçons, ces bourdons de la ruche » nuls et improductifs.

Sources de l’histoire:

1) Préface –

2 ) Encyclopédie universelle Wikipédia.

Les personnages Pierrette : Fille de Mr. et Mme Lorrain. Orpheline pauvre que ses grands-parents maternels ruinés se voient contraints de confier aux soins du frère de sa mère née Rogron (son oncle le vieux Rogron). Madame Lorrain : La mère de Pierrette – une demoiselle Auffray, de Provins, sœur consanguine (née d’un deuxième lit) de Madame épouse Rogron née Auffray, mère de Sylvine et de Jérôme-Denis Rogron. Mariée à 18 ans par inclination à un officier breton nommé Lorrain dans la Garde Impériale. Suite à la ruine de sa mère, Mme Auffray, la part de succession qui aurait pu revenir à Mme Lorrain fut réduite à environ 8’000 francs. Elle mourut 3 ans après le second et fatal mariage de sa mère, en 1819, presqu’en même temps qu’elle. Le Major Lorrain : Père de Pierrette – officier breton dans la Garde Impériale. Mort sur le champ d’honneur à Montereau, laissant sa veuve, chargée à 21 ans d’une petite fille de 14 mois nommée Pierrette. M.Mme Lorrain : Père et mère du major et grands parents paternels de Pierrette. Détaillants en bois à Pen-Hoël, bourg vendéen situé dans le pays appelé le Marais. Tuteurs de Pierrette à la mort de ses parents. Agés et devenus inaptes aux affaires ils seront ruinés par les manigances d’un fournisseur (concurrent) peu scrupuleux et dilapideront ainsi la pauvre succession de Pierrette. M. Auffray : Grand-père de Pierrette – Marié à 18 ans, Monsieur Auffray avait contracté vers 69 ans un second mariage. De son premier lit était issue une fille unique assez laide et mariée dès l’âge de 16 ans à un aubergiste de Provins nommé Rogron. De son second lit, le bonhomme Auffray eut encore une fille charmante et agréable à regarder. Il y eut ainsi une énorme différence d’âge entre les deux filles de Monsieur Auffray. Celle du premier lit avait 50 ans quand celle du second naissait. Lorsque son vieux père lui donnait une sœur, Madame Rogron avait deux enfants majeurs. Il mourut à 88 ans sans avoir eu le temps de faire aucune disposition testamentaire. Mme Auffray (2ème épouse) : Mme Auffray a 38 ans lorsque son vieil époux (88ans) meurt. Elle se remaria et vendit à sa belle fille (la fille aînée de feu son mari – voir ci-dessous) les terres et la maison qu’elle avait gagnées en vertu de son contrat de mariage, afin de pouvoir épouser un jeune médecin nommé Néraud, qui lui dévora sa fortune. Elle mourut de chagrin et dans la misère deux ans après. La tante de Pierrette : Fille ainée de M. Auffray et épouse de Rogron aubergiste. A la mort de son père, elle s’arrangera avec son mari pour manœuvrer à leur avantage la succession et en absorber la plus grande partie. Elle donne naissance à deux enfants affreux : une fille Sylvie Rogron et un fils Jérôme-Denis Rogron qui deviendront (après les grands-parents paternels) les seconds tuteurs et tortionnaires de Pierrette.

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        Jacques Brigaut

Personnalité de Jérôme-Denis Rogron : Physionomie niaise – front écrasé déprimé par la fatigue. Cheveux gris coupés ras qui lui donnent un air stupide. Ses petits yeux bleuâtres sont éteints. Sa figure ronde et plate est antipathique. Lividité flasque des gens confinés dans un bureau. Corps gros et court qui s’affaisse de manière ridicule. Personnalité de Sylvie Rogron : Femme laide, aigre et sèche ayant tout l’air d’une sorcière. Elle adopte un air rechigné et parait plus vieille que son âge. Petits yeux bleus pales secs et froids. Sourire faux qui joue la bonhommie envers les personnes qu’elle côtoie afin que celles-ci pouvaient la prendre pour une bonne personne. Sylvie et Jérôme-Denis Rogron : Tante et oncle (2ème degré) de Pierrette. Fille et fils de Mme épouse Rogron (fille aînée de M. Auffray). Nés de parents aubergistes, ils ont deux ans d’écart et sont mis en nourrice à la campagne à bas prix (le vieil aubergiste Rogron est avare). Le fils fut ensuite mis à l’Ecole et Sylvie fut dirigée à 13 ans sur Paris en qualité d’apprentie dans une maison de commerce (mercerie). Deux ans après, son frère fut expédié sur la même voie. A 20 ans, Sylvie était seconde demoiselle d’un marchand de soie en botte. L’histoire de la sœur fut celle du frère. Vers la fin de 1815, le frère et la sœur réunirent leurs économies et achetèrent une des plus importantes maisons de détail en mercerie. Jacques Brigaut : Né vers 1811, fils du major Brigaut, chouan retiré à Pen-Hoël. Jacques est d’abord ouvrier (garçon menuisier), puis militaire après le décès de Pierrette. Il est l’ami d’enfance de Pierrette Lorrain et devient son amoureux. Mélanie Typhaine : Née Roguin , épouse du président Typhaine. « Reine de la ville », domine la société légitimiste à Provins. Personnage reparaissant en 1815, dans La Vendetta, où elle est prénommée Mathilde. Président Typhaine : Magistrat à Provins, mari de Mélanie, chef du clan conservateur . Aux élections de 1826, il l’emporte de deux voix sur Vinet. Horace Bianchon : Médecin, pensionnaire externe de la maison Vauquer, membre du Cénacle, il soigne nombre de personnages de La Comédie Humaine. Il dénoncera la maltraitance de Pierrette et tâchera de lui sauver la vie, hélas, sans succès. Bathilde de Chargeboeuf : De la branche pauvre des Chargeboeuf. Epouse J.D. Rogron (père de Sylvie et Jérôme-Denis) pour se faire une position à Provins où elle devient la « belle Madame Rogron » et tient salon. Eusèbe Gouraud : Colonel retraité, rescapé de la Bérésina, bonapartiste, mais lié à la faction libérale de Provins; personnage reparaissant allusivement. Il a des vues sur Sylvie Rogron, et une seconde carrière après 1830.

Source descriptif des personnages :

1) Encyclopédie universelle Wikipédia;

2) Pierrette par Raymond Mahieu.

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