L’Illustre Gaudissart
LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac VIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)
Scènes de la vie de province
L’ILLUSTRE GAUDISSART
Analyse de l’oeuvre L’illustre Gaudissard est une herbe folle qui a poussé par hasard dans le parterre bien ordonné des Scènes de la vie de province. Un nouvel éditeur de Balzac, Mme Béchet, méditait un lancement pour cette série qui était un produit original. Une offensive vigoureuse était prévue pour le mois de décembre 1833. Mme Béchet voulait forcer l’attention en mettant sur le marché deux tomes à la fois de la nouvelle série. Un contretemps se produisit. On manquait de matière pour le tome II. Balzac jeta dans la fournaise Le Curé de Tours baptisé pour la circonstance « Scène de la vie de province ». Au dernier moment l’imprimeur manqua de copie. Balzac apprit le drame au moment où il se préparait à aller retrouver Madame Hanska à Genève pour une entrevue décisive. Il dut improviser très rapidement, « en une nuit », affirma t-il, la nouvelle « bouche-trou » qui devait sauver la situation. Il s’en tira en raconta une farce qui n’est une « scène de la vie de province » que parce qu’elle est située à Vouvray, près de Tours. Pour remplir ces quelques pages, Balzac se souvint des affaires de variétés qu’il écrivait depuis deux ans dans La Silhouette, dans La Mode ou La Caricature. C’étaient des croquis rapides qui sous les titres généraux d’Esquisses parisiennes ou de Mœurs parisiennes décrivaient quelques personnages caractéristiques de la vie contemporaines : le charlatan, la dévote, l’épicier, le ministre, le garçon de bureau, le saint-simonien, le banquier, le député. Gaudissard, le commis-voyageur, le « placier » n’est rien d’autre que l’un d’eux. Mais le portrait était si vivant, si ironique, enlevé avec tant de verve que Gaudissart devint presque aussitôt un personnage typique dont le public adopta le nom. Si le personnage sort du recueil d’esquisses de Balzac à cette époque, l’intrigue d’elle-même ressemble beaucoup aux petits fabliaux que Balzac multipliait à la même époque dans les Contes drolatiques : même saveur paysanne, même moquerie, même fonds de bon sens.
L’histoire Gaudissart, commis-voyageur de renom, part à la chasse colporter ses talents de vendeur , il se croit en pays conquis et pense qu’il sera facile de bonimenter les habitants de ce pays de province et, que tout le monde va lui souscrire ses contrats d’assurance vie. Mais il avait compté sans la malice des Tourangeaux : on se moque de lui à son insu en l’adressant à un fou qu’on lui présente comme un banquier influent. Lorsqu’il se rendra compte de la farce dont il est la dupe, il repartira penaud et furieux. La nouvelle a été écrite par l’auteur à Paris, en novembre 1832. C’est par les réapparitions de Gaudissard dans La Comédie Humaine qu’on voit comment Balzac, après coup, découvrit la stature et la signification symbolique du joyeux compère qu’il avait inventé pour faire rire ses lecteurs. La révolution de 1830 fait de lui un personnage. Pour le remercier de services rendus, on lui offre la direction d’un théâtre du Boulevard, il est riche, spécule, fait de la banque et devient millionnaire en s’intéressant aux premières lignes de chemin de fer. La spéculation mène à tout. C’est ce que Balzac disait déjà dans un passage de l’édition originale qui a été supprimé ensuite et qui montre que Balzac, tout en agitant les grelots de la drôlerie, ne se privait pas de dire des vérités salubres qu’on n’a pas tort de signaler.
Les personnages Gaudissart Félix: Né en 1792, commis-voyageur, bonimenteur doué et plein de verve et qui sera la dupe d’une farce de village. Envoyé par l’aubergiste chez Margaritis, un acheteur potentiel qui lui a été recommandé, il pensera trouver en lui plus qu’un acquéreur pour ses contrats d’assurance. Ne sachant pas que Margaritis est un débile mental à ses heures, il l’entretiendra, négociera et sera la dupe du complot monté contre lui à son insu. Vexé et furieux, il quittera Vouvray sur un goût amer. Mr. Vernier : Alias Mitouflet, marié, une fille Claire. Ancien teinturier et ancien grenadier de la Garde Impériale devenu aubergiste de l’Auberge d’Or à Vouvray. Afin de se débarrasser du bonimenteur et lui faire une bonne farce, il lui recommanda d’aller voir un de ses voisins, d’origine italienne et nommé Margaritis. Cet homme marié sans enfant était demi-fou et parfois dangereux dans ses délires et emportements. Monsieur Margaritis : Ancien banquier vivant à Vouvray. Marié sans enfant, il a peu à peu sombré dans la folie et est l’objet de tous les soins de son épouse. La veille du jour où Gaudissart vint à Vouvray, Margaritis semblait avoir retrouvé un semblant de raison, cet homme ayant ses hauts et ses bas.
Source analyse/histoire selon préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine ( tome VIII) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.
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