Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Illusions perdues (Episode 2)

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac VIIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie de province

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      Lucien de Rubempré

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    Diane de Maufrigneuse

    LES ILLUSIONS PERDUES Episode II Un grand homme de province à Paris      

Analyse de l’oeuvre Un  grand homme de province à Paris Illusions perdues est un des romans les plus célèbres de Balzac. C’est, en trois épisodes publiés séparément, l’histoire d’un jeune homme d’Angoulême qui se croyait poète, qu’on a loué dans sa province, qui va à Paris pour y chercher la fortune et la célébrité, qui échoue et revient dans sa province après cet échec. Ses débuts sont racontés dans une sorte d’avant-scène qui se passe à Angoulême et qui porta d’abord seule le titre d’Illusions perdues. La seconde partie d’Illusions perdues intitulée lors de sa publication Un grand homme de province à Paris est la suite de ce premier roman. Un troisième roman intitulé Les souffrances de l’inventeur, qui parut quatre ans plus tard, est la conclusion de cette trilogie, présentée finalement par Balzac sous le titre général d’Illusions perdues. Le jeune homme dont on raconte la carrière, Lucien de Rubempré, brillant mais faible, séduisant mais inconstant, est l’image de ces organisations incomplètes qui ont tous les prestiges du talent sans en posséder la volonté, et la certitude par lesquelles on est supérieur aux événements et aléas de la vie. Malgré ses fautes à l’aube de sa carrière, on ne peut s’empêcher d’éprouver un peu de pitié et d’indulgence chez Lucien. Il tient une place d’autant plus importance dans l’œuvre de Balzac que le romancier lui ménage une revanche qui se termine par une catastrophe dans un autre de ses plus grands romans, Splendeurs et misères des courtisanes. L’intérêt qui s’attache à ce personnage n’est pas la seule raison de l’importance d’Illusions perdues. L’épisode central du roman, Un grand homme de province à Paris, est une déposition accablante sur les petits journaux des années 1822 à 1824. On accusa Balzac d’avoir cherché à faire reconnaître le plus remarquable d’entre eux, Le Figaro, qui ne parut que quelques années plus tard, mais dont les rédacteurs manifestèrent une grande indignation. Cet incident de l’actualité littéraire serait négligeable s’il n’avait pas eu des conséquences graves pour la carrière de Balzac. Les collaborateurs du Figaro de 1828 étaient devenus de puissants personnages en 1837. Ils occupaient des positions dans la critique et dans les journaux. Jules Janin, le critique le plus écouté de ce temps, fit un grand article dans la Revue de Paris pour défendre cette jeune équipe dont il avait fait partie. « Ils écrivaient comme l’oiseau chante… Ils ne savaient rien de la politique, rien du monde… Ils n’ont pas fait une seule de ces insignes lâchetés que vous dites », répondit-il à Balzac, et résumant leur histoire, il concluait : « Il n’y a pas une histoire plus pure, plus vraie, plus remplie de désintéressement et d’abnégation de soi-même. » Tous les journalistes, sauf Granier de Cassagnac, firent écho à Jules Janin. Le Charivari s’associa à sa protestation. Le critique de L’Artiste, plus sévère, écrivait : « Dire tout ce qu’il y a dans ce roman de faux, d’exagéré, d’invraisemblable, de commun, de trivial même, serait trop difficile, et nous y renonçons. » Albéric Second, plus catégorique encore, déclare : « M. de Balzac est mort », et il ajoute : « Cette partie de son livre est tellement hideuse que nous ne lui ferons pas l’honneur de nous en occuper davantage ». Le critique de La Revue des Deux Mondes, de Lagenevais, parlait du « dernier et répugnant écrit de M. de Balzac ». A partir de cette date, il y eut un état de guerre déclaré entre Balzac et les journalistes qui dura plusieurs années pendant lesquelles ceux-ci dirigèrent systématiquement ses romans et affectèrent de le présenter comme un écrivain sans importance dont les productions pouvaient être rangées à la suite de celles de Paul de Kock, de Pigault-Lebrun, de Frédéric Soulié sur des rayons réservés à une littérature de second ordre. Cette illustration qui fut à l’origine de l’ostracisme d’une partie de la presse à l’égard de Balzac pendant la seconde partie de sa vie est devenue plus tard une des raisons de l’intérêt des historiens et des critiques pour Illusions perdues. Que Balzac ait cherché ou non à attaquer Le Figaro, il était certain, en tout cas, que cette seconde partie d’Illusions perdues était un document de premier ordre sur la petite presse politique et littéraire de la Restauration ; et d’autre part, un témoignage très précieux sur des années de la carrière de Balzac qui étaient assez mal connues. Car il était évident qu’il s’agissait de « choses vues », ce que nous savions de ces années de la vie de Balzac nous l’affirmait. Mais il était en même temps difficile et important de savoir ce qu’on pouvait retenir de ce témoignage comme contribution à la biographie de Balzac et aussi ce qu’on pouvait en conclure pour porter un jugement sur la presse de ces années de la Restauration. Ce brillant exercice qui permettait de mettre en valeur la science et la sagacité des commentateurs commença presque aussitôt que les études universitaires sur l’œuvre de Balzac. La première de ces enquêtes fut publiée en 1915 dans la Revue de Paris par un jeune professeur, Joachim Merlant, qui était le meilleur spécialiste universitaire de Balzac à cette époque. Ensuite, presque tous les balzaciens, entre les deux guerres, puis après la seconde Guerre mondiale, apportèrent leur contribution à cette mise au point. De la multitude de ces enquêtes retenons, en raison de son importance, la thèse de Suzanne Jean Bérard en deux volumes parue en 1961 et, en raison de sa date, la dernière préface consacrée à ce roman sous la signature de Roland Chollet, excellent explorateur du maquis journalistique de cette période, qui compte 108 pages. Ces indications montrent assez avec quel soin, quelle patience, quelle abondance, les spécialistes ont compulsé les pièces de ce procès. Il n’est pas question, bien entendu, de résumer en quelques pages ces savantes et copieuses monographies. Toutes constatent, du reste, que les débuts de Lucien de Rubempré dans la petite presse et dans la librairie de cette époque renvoient aux débuts journalistiques de Balzac lui-même dans le sillage de son premier mentor, Auguste Le Poitevin de l’Egreville ; que les projets littéraires de Rubempré et les œuvres ambitieuses qu’il évoquait furent bien les projets de Balzac lui-même quand il espérait illustrer l’histoire de France par une série de romans comme Water Scott l’avait fait pour l’histoire de l’Angleterre ; que les idées sur le roman qui sont exprimées dans Illusions perdues étaient bien les idées de Balzac à cette époque ; que les expériences amères de Lucien de Rubempré avec les éditeurs de romans populaires et les escompteurs de la librairie correspondent à quelques unes des déceptions de Balzac au moment où il signait ses romans Horace de Saint-Aubin ; que le petit groupe des écrivains et penseurs du Cénacle correspond bien à une série de préoccupations parallèles des années de jeunesse de Balzac sur lesquelles notre information est encore lacunaire ; que Balzac a voulu se représenter lui-même sous les traits de l’écrivain probe, consciencieux, persévérant qu’il nomme Daniel d’Arthez, qui ne compte que sur le travail et la volonté pour réaliser l’œuvre qui lui donnera un rang et une réputation ; que Balzac s’est inspiré pour certains traits de Rubempré de son protégé Jules Sandeau qu’il avait recueilli après sa rupture avec George Sand, qu’il s’est servi pour son portrait du critique Claude Vignon du caractère et des traits de Gustave Planche ; que les autres personnages qu’on rencontre sont tous des portraits composites à propos desquels on peut seulement signaler quelques ressemblances partielles ; qu’enfin nous n’avons dans la vie de Balzac aucun repère qui nous permette de l’impliquer dans le « rackett » des journaux aux dépens des acteurs, ni dans le traffic des billets, ni dans la joyeuse corruption qu’il représente comme la vie quotidienne de ces petits journaux, à laquelle sa situation personnelle le rendait très étranger ; que, toutefois, certains détails qu’il donne et qui sont confirmés par d’autres témoins attestent une connaissance de la vie théâtrale et des coulisses que nous n’avons, pour ces années de la vie de Balzac, aucun moyen d’éclairer. Ce résumé beaucoup trop succinct de tant de savantes recherches laisse à peu près sans réponse une question qui est subsidiaire pour les historiens de Balzac, mais qui n’est pas sans rapports avec le jugement qu’on peut porter sur le roman lui-même : ces rédacteurs de la petite presse étaient-ils les gredins que Balzac a représentés ou seulement des jeunes gens exubérants, excentriques, ironiques, comme Jules Janin, en réponse à Balzac, les a dépeints ? Cette vérification est impossible. La déposition de Balzac n’aura peut-être jamais d’autre réponse que la protestation de Jules Janin et de ses amis. Toutefois, les spécimens peu nombreux qui nous sont parvenus de ces petits journaux donnent plus de vraisemblance à l’explication de Jules Janin qu’au réquisitoire de Balzac. L’argent apparemment n’abonde pas dans les caisses, les méchancetés sont drôles plutôt que féroces, ces gangsters en herbe ne répandent pas la terreur. Il est difficile de se faire une opinion sur la réalité des forfaits et honteuses pratiques contre lesquels Balzac prétend mobiliser notre indignation. C’est une raison de plus pour trouver étrange l’amplification audacieuse que fait Balzac lorsqu’il prétend faire porter sur la plupart des journalistes – où, en tout cas, sur une bonne partie d’entre eux – la réprobation qu’il attache au secteur de la presse qu’il décrit. Car enfin, dans cette description d’un pays inconnu sur lequel il prétend faire des révélations, Balzac mêle des choses qui sont d’essence et d’importance très différentes. Les petits journaux satiriques, c’est une portion du paysage et ils peuvent être en effet une école de démoralisation. Mais les moyens du succès au théâtre et en littérature, c’est déjà un autre sujet. On nous fait visiter des coulisses. Quelles coulisses ? Nous n’avons pas la moindre carte pour nous guider dans cette forêt de Bondy. Balzac, si précis dans le même roman sur la fabrication du papier, ne nous donne ici aucun panorama de la librairie, aucun classement, aucun chiffre : nous passons brusquement du père Doguereau qui tire ses romans à 1500 exemplaires à Dauriat qui fait des tirages de 10 000 exemplaires de grandes collections historiques. Ce n’est pas le même métier. Ce ne sont pas non plus les mêmes moyens. Nous ne savons ni ce qui se vend, ni ce qui ne se vend pas, ni quels sont les tirages habituels ou les tirages exceptionnels : et nous doutons fort que les petites malices de Lousteau et de ses compères puissent faire la fortune ou la chute d’un ouvrage. C’est la même chose pour le théâtre. C’est une école de dépravation pour Rubempré. Mais sous des conditions très spéciales. Il nous est probablement impossible de faire l’histoire de la critique au XIXe siècle autrement qu’en distinguant les tendances : mais il serait bien étonnant que des sondages nous fassent rencontrer beaucoup de Rubempré ou de Lousteau qui puissent décider d’un succès ou d’un échec. Au mieux, ils ne sont que des exécutants. La médiocrité et la mesquinerie dans la critique, par ce que nous pouvons en savoir, a souvent une cause beaucoup plus simple. Il y a peu de critiques par vocation et beaucoup de critiques qui ne le sont devenus qu’en raison de leur échec comme écrivains ou comme dramaturges. Cette aigreur de l’envie est très suffisante pour animer leur méchanceté. Il y a d’abord une falsification de l’optique au profit du drame. Balzac a bien senti cette difficulté puisqu’il a inventé un autre panneau de la vie littéraire, les incorruptibles du Cénacle, pour montrer dans ce roman sur la littérature des personnages qui sont des écrivains et non des faiseurs. Ces incorruptibles ne sont pas beaucoup plus vrais que les aventuriers du journalisme auxquels ils s’opposent : ce sont les deux extrêmes de la profession. Cette opposition donne quelques belles scènes, mais qui sont un peu trop héroïques. La perfection morale de d’Arthez n’a pas grand-chose à voir avec le talent ni avec le succès. D’Arthez est estimable, il est même admirable, si l’on veut : il réhabilite l’écrivain. Mais Balzac a esquivé le drame de d’Arthez. Il n’y a pas de drame de d’Arthez ni dans Illusions perdues ni dans les autres œuvres de Balzac. D’Arthez devient le grand écrivain de La Comédie Humaine on ne sait pas comment, on ne sait pas pourquoi. Et il n’y a pas de drame de d’Arthez parce que Balzac qui a admirablement compris tout le mal que pouvait faire les journalistes et les journaux n’a pas aperçu les perspectives plus lointaines qui donnaient à d’Arthez et à ses amis un rôle que le développement de l’information rendrait un jour nécessaire et qui légitimerait ainsi le respect qu’on nous demande pour eux. Car les belles pages si sévères, si prémonitoires que Balzac a placées dans cette partie d’Illusions perdues, dépassent de beaucoup la description pittoresque d’un certain canton de la presse qui était le cadre de son roman. Mais en même temps, ces pages contiennent des contradictions que Balzac n’avait pas aperçues et impliquent des conséquences qu’il ne devine pas. Son réquisitoire contre la liberté de la presse développe en effet avec une prescience admirable les fatalités qui menacent la grande presse dans un régime de discussion. Claude Vignon, l’honnête homme du roman, les résume très bien. « Le journal au lieu d’être un sacerdoce est devenu un moyen pour les partis ; de moyen il s’est fait commerce ; et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Tout journal est une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. » Un tel journal, reflétant en tout sujet le point de vue d’un certain parti, est nécessairement exposé à la manipulation des faits et aux sophismes du raisonnement. « Ainsi tous les journaux seront dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront les idées, les systèmes, les hommes et fleuriront par cela même. » Leur loi fondamentale sera de ne jamais avoir tort. « Rien de ce qui lui déplaît ne sera patriotique et jamais le journal n’aura tort. » Leur résultat sera non seulement une dégradation des consciences, une dénaturation des faits, mais, ce qui est plus grave encore, de véritables crimes qui seront toujours impunis car « le mal sera fait sans que personne soit coupable. Je serai moi Vignon, vous serez toi Lousteau, toi Blondet, toi Finot, des Aristide, des Platon, des Caton, des hommes de Plutarque : nous serons tous innocents, nous pourrons nous laver les mains de toute infamie. Napoléon a donné raison de ce phénomène moral ou immoral, comme il vous plaira, dans un mot sublime que lui ont dicté ses études sur la Convention : « Les crimes collectifs n’engagent personne. » C’est une admirable description des dangers du journalisme professionnel dans un régime de combat politique. Et Balzac a bien vu la dégradation du journaliste lui-même dans le système de lutte des partis. Le journaliste n’a pas d’amis : il a pour amis les alliés de son parti : « Vous croyez aux amis. Nous sommes tous amis ou ennemis selon les circonstances. » Le journaliste selon cette définition n’a même pas de conviction ferme : il a les convictions et les raisonnements que la tactique du parti lui impose. Lousteau dit crûment : « Un journaliste est un acrobate. » Et il illustre cette maxime en improvisant devant Rubempré les deux articles de sens contraire qu’on peut faire sur le même livre. Dans la presse politique, le journaliste n’est qu’un instrument. Il doit accepter pour armes les armes qu’on lui remet, il occupe un poste. « L’injure et la personnalité deviendront un de ses droits publics, adopté pour le profit des abonnés et passé en forme de chose jugée par un usage réciproque. » Dans cette lutte d’homme à homme, de parti à parti, « il faut se battre systématiquement pour ne pas être abandonné par les siens ». Et Lousteau lui-même finit par être émouvant dans sa confession quand il avoue : « Ces ignobles procédés désenchantent l’âme, dépravent le cœur et fatiguent en pure perte : car vos efforts servent souvent à faire couronner un homme que vous haïssez présenter malgré vous comme un génie. » Et Lousteau relève avec désespoir sa tête humiliée : « Et j’étais bon ! J’avais le cœur pur ! Et j’ai dans mes papiers un poème qui mourra ! » Mais telle est la fatalité du journalisme de parti. Cet embrigadement fait de chacun des serviteurs de la grande presse un subalterne, c’est-à-dire le contraire d’un écrivain. Une certaine cavalerie légère de la presse n’est pas toute la presse et il ne faut pas demander compte à Balzac des au-delà de son sujet. Ce qu’il veut décrire et qu’il décrit admirablement, c’est l’histoire d’une tentation. Rubempré est un faible. Mais l’est-il plus que le Rastignac du Père Goriot ? Rastignac n’a pas de manuscrit à placer, il n’a pas de carrière à faire, il n’a qu’à se faire reconnaître. Et tout est gagné pour lui à partir du moment où sa cousine, Mme de Bauséant, le reconnaît. Il ne reste plus qu’un problème matériel, payer ses bottes et ses chapeaux. Mais Lucien, lui, s’appelle Lucien Chardon et pour lui la difficulté est double : il doit trouver son dîner chaque jour, placer ses manuscrits, se faire un nom, c’est déjà difficile, mais ce n’est qu’un premier pas, l’objectif final pour lui est de se faire reconnaître comme Lucien de Rubempré. Il gagne la première manche et dans des conditions si difficiles qu’on a pour lui autant de pitié que de mésestime. Bien sûr, ce n’est pas une conscience, et même c’est un fou, une bonne partie de ses malheurs lui venant de cette frénésie de vanité et d’orgueil qui lui fait dépenser en quelques jours pour sa toilette, son équipage, sa pension de deux années. Il gagne cette première manche, mais dans une sorte de conte de fées où tout est irréel. Le montage du roman est si bien fait qu’on ne s’aperçoit pas de cette invraisemblance. Il faut, pour la sentir, projeter sur Illusions perdues ce que nous savons des débuts de Balzac. On s’aperçoit alors que l’élégant et miraculeux essor de Lucien dans les journaux et dans le monde littéraire est aussi irréel que la majesté puritaine des petits messieurs du Cénacle. Rien de tout cela n’est vrai. On marche dans ce roman au milieu de magiciens dont la baguette dispense le triomphe ou le désespoir. C’est une simplification arbitraire. La perte de Rubempré, en revanche, est machinée avec un tel art, une telle perfidie qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver pour lui la sympathie que suscitent toutes les victimes sur lesquelles le sort et les hommes s’acharnent.

L’Histoire Arrivés à Paris, les deux amants, Lucien et Louise (Mme de Bargeton), trouvèrent refuge dans une de ces ignobles chambres qui sont la honte de Paris, mais où il ne reste pas encore un seul hôtel où tout voyageur riche ne puisse retrouver son chez-soi. Lucien ayant dépensé une année de sa pension pour le voyage, sa Louise lui parut beaucoup moins belle dans cette chambre froide, sans soleil, au mobilier et au décor fanés. Ayant honte des manières et de la mise provinciale de son protégé dans le monde, elle adopte, dès les premiers jours de leur arrivée à Paris, une distance et une froideur à l’encontre de Lucien. Pour couronner le tout, elle se sent ridiculisée par l’inexpérience et les faux pas dont son amant fait preuve à l’Opéra, et dont il sera moqué.  Elle l’abandonnera totalement pour la marquise d’Espard et les plaisirs de la vie parisienne. Trahi par Louise, Lucien ne peut que compter sur son travail et entreprend d’améliorer ses deux manuscrits : son sonnet de poèmes « Les Marguerites » et son roman historique « L’Archer de Charles IX ». Il fait la connaissance des amis du Cénacle dont il devient un membre et se lie particulièrement avec l’écrivain Daniel d’Arthez. Ne trouvant pas le succès escompté pour ses œuvres, il quittera le Cénacle pour se lancer dans le journalisme où avec l’aide de Lousteau (journaliste et rédacteur), il connaîtra un réel succès. Fréquentant assidûment les théâtres pour y brocher les comptes-rendus et critiques des comédies, drames et vaudevilles, il sera remarqué de la belle actrice Coralie qui s’éprend follement de lui. Il en sera également éperdument amoureux. Devenu la « coqueluche » de la presse, chroniqueur talentueux et fin critique, Lucien mènera dès lors la vie brillante et fastueuse des personnes riches. Il se fera, sans s’en douter, des ennemis des gens qui le jalousent ainsi que de ceux que blesse son journal. Il subit la vengeance de Louise de Négrepelisse (Mme de Bargeton), blessée plus par l’indifférence de Lucien à son égard que par les articles acides écrits par lui à son effigie et qui l’affligent du surnom de « grande seiche ». Son orgueil et sa vanité sans bornes l’entraîneront dans des dépenses et des dettes inconsidérées. Ruiné, il ruinera sa maîtresse qui en mourra. Il entraînera dans sa chute sa mère, son beau-frère et sa sœur qu’il dépouillera également. Il retournera à Angoulême dans le plus total dénuement. Sources analyse/histoire : Préface, selon tome XI, recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

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   Lucien de Rubempré et son ami de                                Marsay

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                               Coralie

  Vous retrouverez les personnages principaux de cette histoire dans l’analyse des personnages commentée dans l’épisode 1.  

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